Parmi les puissances européennes, l’Allemagne est sans conteste la plus mal embarquée depuis le début de la guerre en Ukraine. Très dépendante de la Russie sur le plan énergétique, elle s’active depuis quelques semaines pour se défaire de ce lien. Un nouvel effort vient d’être effectué: 3 milliard pour de nouveaux terminaux GNL flottants.
L’Allemagne déploie les grands moyens pour trouver des débouchés énergétiques partout dans le monde. A cet effet, elle compte notamment sur le gaz naturel liquéfié (GNL), dont les trois principaux fournisseurs sont les Etats-Unis, le Qatar et l’Australie.
Vendredi, le ministère allemand des Finances a annoncé que le gouvernement débloquait près de 3 milliards d’euros (2,94 milliards, exactement) pour acquérir des terminaux GNL flottants. Liquéfié, le GNL est regazéifié à l’arrivée avant d’être distribué.
Le GNL doit être une des solutions pour remplacer le gaz naturel russe. Au premier trimestre de cette année, le gaz russe transportée par voie terrestre a représenté 40% des importations de gaz de l’Allemagne.
Opérationnels dès l’hiver prochain ?
L’un des principaux problèmes de l’Allemagne est qu’elle ne dispose pas d’un terminal terrestre pour traiter le GNL qu’elle souhaite importer. Pour l’instant, elle est contrainte de s’appuyer sur des terminaux de pays européens partenaires, ce qui limite ses capacités d’importation.
Berlin a annoncé début mars un accord pour un projet de terminal terrestre, mais le chantier prendra des années. Les terminaux flottants qu’elle compte acquérir pourraient, eux, être opérationnels dès l’hiver prochain. Ils permettront de transformer en gaz le GNL transporté par un pétrolier et de l’injecter dans le réseau gazier national. Pour ce faire, il faudra aussi bien sûr construire de nouveaux gazoducs.
Les 3 milliards d’euros doivent permettre d’acquérir quatre unités. Elles seront installées dans des ports de la mer du Nord et de la mer Baltique, mais leur emplacement exact n’a pas encore été déterminé. Wilhelmshaven, Brunsbüttel et Rostock sont notamment cités.
« Raisons impérieuses »
Les médias allemands rapportent que le ministère des Finances a débloqué ces 3 milliards d’euros sans consulter au préalable la commission budgétaire du parlement. Dans une lettre adressée au président du Bundestag, le ministère a expliqué cette étape a été contournée pour des « raisons impérieuses ».
« La dépendance aux importations énergétiques russes doit être réduite rapidement et durablement », a tweeté le ministre des Finances Christian Lindner. « Les terminaux GNL flottants y contribuent de manière importante, nous devons débloquer les financements nécessaires dès maintenant. »
Le gouvernement allemand a déjà indiqué que, malgré ses efforts du moment, il estimait que le pays ne pourrait pas se passer du gaz russe avant 2024. Fin février, Olaf Scholz avait annoncé la suspension du processus de certification du gazoduc Nord Stream 2, qui devait relier la Russie à l’Allemagne.