Alors qu’Amazon fait des pieds et des mains pour empêcher la constitution de syndicats dans ses gigantesques entrepôts emplis de colis à livrer dans le monde entier, une étude alarme que les employés de ces dits entrepôts sont particulièrement vulnérables aux accidents de travail. Et dans leur très large majorité, il s’agit de blessures considérées comme graves, voire incapacitantes.
Le taux de blessures graves dans les entrepôts d’Amazon aux États-Unis est plus de deux fois supérieur à celui des autres entrepôts indépendants de la firme, selon une nouvelle étude qui examine les données sur les blessures fournies à l’agence fédérale qui supervise la sécurité au travail aux États-Unis.
Plus de 34.000 blessures graves en 2021
Amazon employait 33% de tous les travailleurs des entrepôts américains en 2021, mais était responsable de 49% de toutes les blessures dans le secteur, selon un rapport publié ce mardi par le Strategic Organizing Center (SOC), une coalition de quatre syndicats américains. Pire encore : au total, ce sont 38.334 cas de blessures au travail qui ont été enregistrées dans les installations d’Amazon, mais pour environ 34.000 d’entre elles, soit une très large majorité, il s’agissait de blessures graves, après lesquelles les travailleurs ne pouvaient plus effectuer leur travail habituel ou devaient s’absenter le temps de se soigner. Pourtant, l’année passée le fondateur d’Amazon, Jeff Bezos, a déclaré vouloir faire d’Amazon le « lieu de travail le plus sûr de la planète ». L’année dernière, l’entreprise a annoncé qu’elle consacrerait 300 millions de dollars à des projets liés à la sécurité.
Les conditions de travail dans les gigantesques entrepôts d’Amazon ont régulièrement été pointées du doigt, les employés étant constamment mis sous pression pour maintenir la cadence avec seulement de très courtes pauses. Dans certains cas, les travailleurs étaient contraints d’uriner dans une bouteille plutôt que de s’absenter pour se soulager.
Tolérance zéro pour la contestation sociale
Au-delà de ce scandale symbolique, Amazon n’est guère réputé pour prendre soin de ses employés : aux États-Unis, l’entreprise avait mis au point un système d’observation nommé ‘Time off Task’ (le temps passé à ne pas travailler, NDLR), qui consistait à surveiller les gestes des employés et à envoyer un signal d’alerte lorsqu’ils s’arrêtaient de scanner des colis pendant un temps jugé trop long. Plus récemment, la firme qui a fait la fortune de Jeff Bezos travaillait sur une application de messagerie interne où une tolérance zéro vis-à-vis de certains mots serait de mise ; les grossièretés, mais aussi et surtout les mots reflétant les conditions de travail de l’entreprise ou termes relatifs à l’organisation d’un syndicat.
Première victoire pour les travailleurs new-yorkais
Car Amazon fait des pieds et des mains depuis des années pour empêcher ses travailleurs d’organiser leur lutte et de défendre ainsi plus efficacement leurs droits, rappelle CNN. Un combat que l’entreprise est d’ailleurs en train de perdre : au début du mois, les employés d’un entrepôt d’Amazon à New York sont devenus les premiers à se syndiquer dans le pays, en 27 ans d’existence de la firme. Une première qui pourrait bien faire tache d’huile.
La campagne de syndicalisation a été catalysée par les tensions entre Amazon et ses employés d’entrepôt pendant la pandémie, une période très faste pour Amazon, mais durant laquelle certains travailleurs et défenseurs syndicaux ont exprimé leur inquiétude quant au fait que l’entreprise privilégie les profits et la productivité au détriment de la sécurité.