Voilà comment la lutte contre le réchauffement climatique et la protection de la biodiversité peuvent entrer en conflit. L’Allemagne veut augmenter son parc éolien terrestre, mais des lois de protection des oiseaux pourraient contrarier ces plans.
Le nouveau ministre allemand de l’Économie et de la Protection du climat Robert Habeck a pour objectif de recouvrir jusqu’à 2% de la superficie du pays par des parcs éoliens, rapporte Euractiv, soit une surface à égale à plus d’un million de terrains de football.
L’Allemagne est déjà le premier pays d’Europe, en termes d’importance de la place de l’éolien. En 2017, il avait connu un record d’expansion, avec l’ajout de 5 GW sur l’année, mais depuis le secteur ne s’accroit qu’au ralenti. Habeck veut relancer la machine, et les prévisions sont colossales, montant graduellement des 5 GW sur 2023 à 10 GW sur l’année 2027. Le pays a fortement besoin de nouvelles sources d’énergie car il sort du nucléaire et du charbon.
Textes européens sur la protection des oiseaux
Mais ces projets d’expansion pourraient être freinés par les groupes de défense des oiseaux. En octobre déjà, le bras droit du ministre, Patrick Graichen, constatait que de nombreux permis de construction pour les parcs étaient retardés à cause de plaintes de groupes de défense de l’environnement. « L’énergie éolienne étant l’une des technologies clés pour la protection du climat et la transition énergétique, il est important de concilier la protection des espèces et le développement accéléré de cette source d’énergie « , ajoute-t-il cependant.
Les activistes s’appuient notamment sur les textes européens en vigueur, la directive sur les oiseaux et les habitats. Les États sont obligés d’interdire le fait de capturer ou de tuer les oiseaux menacés de manière délibérée, le fait de les déranger durant l’hibernation ou la reproduction, ainsi que la destruction de l’habitat, de nids, de plantes protégées, ou le fait de les capturer ou de les vendre, et encore l’utilisation de moyens qui pourraient servir à mettre à mort ou capturer les oiseaux.
La définition du terme « mise à mort » reste vague, et les activistes l’utilisent pour attaquer les projets de construction. « Dans l’état actuel des connaissances, les projets d’énergie éolienne présentent un risque abstrait de mort, notamment pour les grands oiseaux et les oiseaux de proie », ajoute le think tank Agora Energiewende. Des oiseaux protégés comme le milan royal ou l’aigle à queue blanche pourraient en effet y trouver la mort, et les éoliennes devraient alors respecter une certaine distanciation. Mais cela rend la planification des parcs plus compliquée, explique encore le think tank.
Une brèche dans le texte
Des représentants du secteur éolien, WindEurope, espèrent que des amendements puissent être apposés à ce texte européen, pour mener à bien l’expansion de l’éolien. Ils veulent passer d’une approche individuelle à une approche plus générale par espèce.
Mais les associations de défense de l’environnement monteraient alors à nouveau au créneau. Une association allemande, NABU, soutient notamment la transition énergétique rapide, mais veut une approche constructive quant à la protection des espèces. Elle indique par exemple que la directive européenne a une liste d’exceptions, que l’Allemagne pourrait utiliser pour accélérer son expansion de l’éolien. Une possibilité confirmée et encouragée par le think tank également.
Dans tous les cas, protection du climat et protection de la biodiversité ne semblent pas toujours aller de pair.