Alors que Joe Biden et Vladimir Poutine s’entretiennent plus ou moins sereinement et que des négociations entre la Russie et l’OTAN sont prévues pour le mois de janvier, l’Estonie a décidé de venir au secours de l’Ukraine. La petite république balte, membre de l’Alliance atlantique comme de l’Union européenne, et qui partage une frontière directe avec la Russie, envisage de livrer des armes au gouvernement de Kiev.
Le responsable de la coopération internationale au ministère estonien de la Défense, Peeter Kuimet a confié à la télévision publique estonienne que son pays envisageait de céder à l’Ukraine ses 42 obusiers D-30 de 122 mm d’origine soviétique, ainsi que des missiles anti-char Javelin issus de l’arsenal de l’OTAN. « Étant donné la situation dans laquelle se trouve l’Ukraine, victime d’une agression russe depuis bientôt huit ans, il n’est pas question de chicaner » assure M. Kuimet.
Washington assume, Berlin tergiverse
La question d’un soutien militaire matériel à l’Ukraine face à une possible invasion russe divise les Occidentaux. Certains ont peur de verser de l’huile sur le feu, tandis que d’autres ne se sont pas privés d’armer Kiev : Washington a ainsi déjà livré des missiles Javelin, des radars de contre-batterie ou bien encore des navires patrouilleurs, via une « Initiative d’assistance à la sécurité » selon le site de référence français Opex360. De même pour la Grande-Bretagne. Le gouvernement ukrainien accuse par contre Berlin d’avoir bloqué la livraison d’armes que Kiev avait commandées via l’Agence de soutien et d’acquisition de l’OTAN [NSPA].
Droit de regard du propriétaire précédent
L’Estonie avait déjà fourni à l’Ukraine 2 400 pistolets Makarov l’année dernière, selon les médias de la république balte. Mais il s’agit là d’un matériel bien plus conséquent que de simples armes de poing. Or, cela pourrait avoir des répercussions internationales, au delà bien sûr de l’affront au voisin russe que cela représente. Car ces obusiers et ces missiles, l’Estonie n’en est pas la première propriétaire. Les pièces d’artillerie avaient été rachetées à la Finlande, tandis que les missiles anti-chars sont de fabrication américaine. La république est censée avoir l’autorisation des pays fournisseurs avant de les exporter à son tour.
Aucun problème de côté de la Maison-Blanche, mais à Helsinki, on pourrait tiquer. Car la Finlande, qui n’est pas membre de l’OTAN, partage une très longue frontière commune avec la Russie, de même que le souvenir de guerres précédentes. En outre, elle s’estime potentiellement en danger d’être la cible d’une « attaque hybride » comme l’a été la Pologne en novembre dernier, quand des milliers de migrants ont été jetés à sa frontière. Il est possible qu’elle tergiverse donc à tirer la queue de l’ours.