Un nouveau rapport est formel: la désinformation sur le changement climatique progresse sur la plateforme.
Chaque jour, la désinformation climatique engendre entre 818.000 et 1,36 million de vues sur Facebook. C’est ce qu’affirme un nouveau rapport du Stop Funding Heat et le Real Facebook Oversight Board.
Pourtant, Facebook affirme avoir intensifié ses efforts pour lutter contre ce type de désinformations en marge de la COP26 à Glasgow. Mais comme pour les récents événements politiques – dont les dernières élections américaines qui ont mené à l’invasion du Capitole – cette affirmation peine à se vérifier dans les faits.
La lutte contre la désinformation coûtera des milliards à l’entreprise de Mark Zuckerberg. Les récentes révélations de la lanceuse d’alerte, ex-employée de Facebook, Frances Haugen, ont montré que la plateforme privilégiait le profit à la lutte contre les fake news et les contenus offensants.
Big Tobacco
« Facebook est le Big Tobacco de notre génération, maniant le greenwashing pour éviter la responsabilité et semant la confusion et le doute sur le changement climatique », a déclaré le Real Facebook Oversight Board dans un communiqué, relayé par Euractiv.
« Nous exhortons les médias, les actionnaires et les décideurs politiques à ne pas acheter ce que Facebook vend à Glasgow. Ils mettent le climat et les générations futures en grave danger », ajoute le communiqué.
Le rapport a analysé quelque 48.701 posts issus de pages identifiées comme climatosceptiques entre janvier et août 2021. Ces posts ont engendré entre 199 et 331 millions de vues au cours de cette période.
Hiérarchisation des menaces
L’année dernière, Facebook a lancé le Climate Science Center. Il s’agit d’une équipe de fact-checkers et de scientifiques qui vise à identifier les informations erronées. Déployé dans 16 pays, le centre pourra bientôt agir dans 100 pays, a annoncé Facebook ce lundi sur son blog.
« Nous travaillons avec un réseau mondial de plus de 80 organisations indépendantes de vérification des faits qui examinent et évaluent le contenu, y compris le contenu climatique, dans plus de 60 langues », a déclaré la société dont les propos sont rapportés par CNN Business. « Lorsqu’ils évaluent le contenu comme faux, nous ajoutons une étiquette d’avertissement et le déplaçons plus bas dans le fil d’actualité afin que moins de personnes le voient. Nous n’autorisons pas les publicités qui ont été évaluées par l’un de nos partenaires de vérification des faits. »
Mais le souci, c’est que Facebook hiérarchise la désinformation sur sa plateforme, a récemment expliqué Mark Zuckerberg devant les législateurs américains. Facebook priorise sa lutte contre les contenus qui représentent une menace physique (Covid-19, harcèlement, etc.). Ceux-là sont retirés de la plateforme. Les contenus qui n’entrainent par de dommages physiques imminents sont eux mis de côté et relégués plus bas dans le fil d’actualité ou labellisés comme contenus problématiques.
Ne pas catégoriser le changement climatique comme une menace physique imminente peut aller à l’encontre des faits. Comme le montrent, les dégâts des événements extrêmes de ces derniers mois, comme l’ouragan Ida, les inondations en Belgique et en Allemagne, ou les feux de forêts qui pullulent à la surface du globe.