De la vapeur d’eau s’échappe du manteau glacé de cette lune de Jupiter et se répand dans son atmosphère. Un indice de plus que Ganymède est propice à la vie, découvert en analysant d’anciennes images du télescope Hubble. L’Agence spatiale européenne espère en avoir le cœur net dès 2029.
Si Jupiter n’est finalement rien d’autre qu’une titanesque boule de gaz enroulés sur eux-mêmes et agités de tempêtes dantesques, ses nombreuses lunes recèlent tant de mystères que de promesses de véritables paysages extraterrestres. C’est le cas de Ganymède, qui a été découverte, avec trois de ses sœurs, par le grand savant Galilée dès 1610. On savait déjà que cet astre deux fois plus gros que notre Lune abritait un océan d’eau liquide sous une épaisse couche de glace. Une particularité qui excitait déjà les imaginations, car la présence d’eau liquide, combinée à un noyau actif qui produit chaleur et sédiments rocheux, forme un cocktail qu’on estime favorable à l’apparition de la vie. Même à 160 km sous la surface.
Vapeur de vie ?
Mais c’est une nouvelle encore plus excitante qu’ont annoncé des astronomes du Lorenz Roth du KTH Royal Institute of Technology de Stockholm, en Suède. Le liquide de vie serait aussi présent à la surface même de Ganymède sous forme de vapeur d’eau, diluée dans son atmosphère. Une information qui était sous notre nez depuis longtemps : pour faire cette découverte, les chercheurs ont scruté à nouveau des images du satellite prises par Hubble en 1998, 2010 et 2018. et ils ont repéré une petite erreur d’interprétation : la lune jovienne ne recèle pas tant d’oxygène atomique qu’on l’imaginait, mais bien de l’oxygène moléculaire. Et l’oxygène se combine très bien avec l’hydrogène, l’atome le plus courant dans l’univers, pour former H2O : l’eau, le liquide vital.
Des écosystèmes marins sous la glace ?
Une présence qui s’explique aisément : la température à la surface de Ganymède varie beaucoup sur une journée, et, vers midi, près de l’équateur de l’astre, elle peut devenir suffisamment chaude pour que la surface glacée libère de petites quantités de molécules d’eau. « Au départ, seul l’O2 avait été observé », résume le chargé d’étude Lorenz Roth. « Cela se produit lorsque des particules chargées érodent la surface de la glace. La vapeur d’eau que nous avons maintenant mesurée provient de la sublimation de la glace causée par la fuite thermique de vapeur de H2O des régions glacées chaudes. »
Un immense océan souterrain sous la glace, mais aussi de l’eau qui se répand, certes à petites doses, dans l’atmosphère du petit astre : c’est bien assez pour faire de Ganymède un berceau potentiel de la vie. Et cette lune n’est pas la seule : deux de ses sœurs au moins dans l’orbite de Jupiter, Europe et Callisto, recèlent aussi de l’eau liquide souterraine. Qui sait ? Il y a peut-être une profusion d’écosystèmes extraterrestres marins qui s’épanouit dans les eaux glaciales de ces astres. On le saura peut-être bientôt : la sonde Juice de l’Agence spatiale européenne rodera dans ce secteur de l’espace dès 2029.
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