Un dixième des glaciers de montagne de la planète aura fondu d’ici le milieu du siècle, même si l’humanité parvient à atteindre les objectifs de l’accord de Paris sur le climat. Selon les scientifiques, la grande majorité de cette fonte, qui n’inclut d’ailleurs pas les glaciers du Groenland ou de l’Antarctique, est inévitable en raison du réchauffement climatique provoqué par l’homme ces dernières années.
La perte de glace des glaciers de montagne équivaut à plus de 13.200 kilomètres cubes d’eau, soit suffisamment pour remplir plus de 10 millions de grands stades de football. Dans certaines régions particulièrement touchées, notamment en Europe centrale, la masse des glaciers devrait diminuer de plus de la moitié. Les chaînes de montagnes inférieures, comme les Alpes européennes ou les Pyrénées, devraient être les plus touchées. Les répercussions seront particulièrement graves dans les deltas de rivières densément peuplés.
Il n’y a donc pas grand-chose à faire, mais cela ne signifie pas pour autant que les mesures prises par les gouvernements aujourd’hui – y compris les récentes annonces d’objectifs de réduction des émissions plus ambitieux par les États-Unis, la Chine et d’autres pays – ne pourraient pas faire une grande différence dans l’aggravation de la situation au cours de la seconde moitié de ce siècle.
Ce constat résulte d’une synthèse de plus de 100 modèles informatiques générés par des instituts de recherche du monde entier. Ces études ont projeté différents comportements possibles des quelque 200.000 glaciers de montagne de notre planète, en fonction des différents niveaux d’émission et des modèles de circulation météorologique.
1,9 milliard de personnes risquent de manquer d’eau potable
Entre 2021 et 2050, la perte moyenne de masse des glaciers de montagne dans les différents scénarios sera de 13.200 milliards de tonnes. Cela équivaut à faire fondre près de cinq piscines olympiques de glace chaque seconde pendant les 30 prochaines années.
Des réductions agressives des émissions ne permettraient guère de ralentir ce phénomène. La différence entre le meilleur et le pire des scénarios était inférieure à 20%. Cela contraste avec les projections pour la seconde moitié du siècle, où les décisions prises maintenant pourraient faire une grande différence. Dans un scénario à faibles émissions, la masse actuelle des glaciers devrait diminuer d’environ 18% d’ici 2100, ce qui constituerait un ralentissement. En revanche, dans le cadre d’un scénario de fortes émissions, cette perte passerait à 36%.
Cela a de multiples implications. La fonte des glaciers de montagne contribue pour plus d’un tiers à l’élévation du niveau des mers, selon le dernier rapport européen sur l’état du climat, publié la semaine dernière. Cela augmente régulièrement le risque d’inondation dans les zones côtières et le long des rivières.
En fonction de la rapidité avec laquelle les émissions peuvent être réduites, la fonte des glaciers de montagne est susceptible d’ajouter entre 79 et 159 mm au niveau des mers d’ici 2100. Au niveau local et régional, elle peut également réduire la stabilité des systèmes fluviaux. Par ailleurs, de plus en plus de zones en aval seront en difficulté au fil des décennies. Selon des études antérieures, 1,9 milliard de personnes risquent de souffrir de pénuries d’eau en montagne, notamment en Chine et en Inde.
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