Quand lutte environnementale et petits commerçants font bon ménage. Porté par les députés de LREM, un article du projet de loi Climat pourrait interdire toute nouvelle construction de centres commerciaux de plus de 10.000 mètres carrés.
L’article 52 du projet de loi Climat et Résilience, adopté en première lecture, vise à interdire la construction des grands centres commerciaux de plus de 10.000 m².
Le but affiché est de lutter contre l’artificialisation des sols. Ces centres commerciaux favorisent en effet l’étalement urbain, en s’implantant souvent sur des terrains jusque-là fertiles. Ces centres encouragent en outre les déplacements en voiture, émettrice de CO2.
Mais, on le sait, la question s’étend bien au-delà de la question environnementale. Le problème est connu depuis longtemps, aussi bien en Belgique que dans l’Hexagone: les immenses centres commerciaux construits à la périphérie des villes font déserter les clients des centres-villes.
Économiquement, les commerces du centre-ville doivent lutter contre cette concurrence supplémentaire qui vient s’ajouter à l’essor des commerces en ligne. C’est aussi une question sociétale: ces grands centres commerciaux laissent place à des centres-villes et des quartiers vides qui viennent enrayer le dynamisme général.
En France, on se dirige donc vers une interdiction des nouvelles constructions, mais ça ne se limitera sans doute pas à cela. La plupart des grands centres commerciaux commencent à avoir de l’âge et ont été rattrapés par les villes. Se pose donc la question de leur rénovation. Des dérogations pourront être introduites pour les centres commerciaux qui décident de se réinventer, proposant une vie de quartier par exemple en mixant commerces, logements, bureaux, cinémas, crèches, etc.
Et en Belgique ?
Du côté wallon, un projet de loi datant de 2018 visait à interdire les centres commerciaux de plus de 2.500 m² en-dehors des centres-villes. La loi est entrée en vigueur en décembre 2019 et s’inscrit dans le Schéma de développement du territoire (SDT).
Voici ce que dit le texte: le SDT prévoit ‘d’ autoriser, dans le respect des dispositions du schéma régional de développement commercial, les ensembles commerciaux d’une surface commerciale nette de plus de 2.500 m² uniquement dans les centralités et plus en périphérie, sauf à démontrer qu’une installation en périphérie ne porte pas préjudice aux centralités urbaines environnantes.’
La déclaration de politique générale pour la législature 2019-2024 vise elle à ‘privilégier les politiques durables de revitalisation des quartiers commerçants et des petits commerces dans les centres urbains et les villages (rénovation des devantures, soutien aux marchés dont les marchés couverts permanents) associant les pouvoirs locaux et les commerçants, avec un modèle de proximité et de mixité commerciale.’
Par ailleurs le ministre wallon de l’Économie, Willy Borsus (MR), a déclaré à de nombreuses reprises que ‘les grands centres extérieurs, c’est fini.’
Dans les faits, si certains centres-villes s’en sortent bien comme à Liège, Namur, Charleroi ou Louvain-La-Neuve, c’est plus compliqué pour de plus petites villes comme Nivelles, Dinant, Andenne ou Marche-en-Famenne. C’est pourquoi le 9 février dernier, l’Union des Villes et Communes de Wallonie a plaidé pour ‘la mise en place d’un réel plan wallon pour une relance du commerce dans les centres (urbains et ruraux)’. D’autant que la crise du coronavirus a encore un peu plus fragilisé le secteur.