Le ministre-président wallon, Elio Di Rupo (PS), a brandi la menace d’exercer le véto de sa Région – en cas de ‘no deal’ – sur tous les accords futurs conclus entre l’UE et le Royaume-Uni qui ne respecteraient pas les garanties sociales, environnementales et sanitaires. Le spectre du CETA réapparait. Et cela a fait réagir Bart De Wever (N-VA).
C’est une petite histoire en marge des négociations sur le Brexit qui en dit long. Elio Di Rupo est lassé de l’attitude de Boris Johnson, alors que le Brexit doit toujours connaitre son verdict final pour cette fin de semaine. Il menace de demander au Parlement wallon d’exercer son véto, comme ce fut le cas lors du traité CETA, pour tous les accords avec le Royaume-Uni qui n’apporteraient pas de garanties suffisantes en termes de règlementations sociales, environnementales et sanitaires.
‘Cela fait des mois que nous vivons au gré des sauts d’humeur de Boris Johnson. Son attitude ne nous permet pas de voir clair en l’avenir des relations entre l’UE et du Royaume-Uni’, a-t-il tweeté hier, en marge d’une visioconférence avec les socialistes européens.
Le ministre-président a néanmoins annoncé vouloir encore trouver un accord, ‘certainement pour les régions les plus touchées par le Brexit, comme ma Région-soeur, la Flandre.’
Il est vrai que la Flandre subira nettement plus que la Wallonie l’impact économique d’un ‘no deal’ sur le Brexit. La Région wallonne évalue toutefois à 5.000 le risque de perte d’emplois.
Différence nord-sud
Cette séquence est assez révélatrice des attitudes différentes entre le nord et le sud du pays autour des négociations du Brexit. A la N-VA, la sortie d’Elio Di Rupo en a fait tomber quelques-uns de leur chaise. Le dossier du CETA avait laissé des traces au nord du pays.
La raison est très simple. La Flandre exporte beaucoup plus que la Wallonie. Les Wallons pourraient toutefois répliquer la même chose sur le dossier de la FN Herstal. En effet, nombreux sont ceux qui, au nord du pays, fustigeaient moralement la vente d’armes à des régimes parfois douteux. Là encore, la raison était évidente: la Flandre n’a pas d’industrie d’armement. De cette double séquence, il avait été convenu que chacun s’occupe de ses oignons. Rappelons que chaque entité fédérée doit approuver les accords commerciaux européens.
Bart De Wever n’a pas manqué de répliquer de manière piquante à Elio Di Rupo: ‘Cher Elio, vous êtes systématiquement contre le libre-échange… mais ne devriez-vous pas d’abord vous assurer de commercer un peu plus en Wallonie avec des pays étrangers?’
Un problème finalement bien belge.