Le parti politique français GénérationEcologie veut à l’avenir accorder aux citoyens un quota de vol, plutôt que de taxer davantage les voyages en avion. Une fois le quota épuisé, le Français ne pourrait plus embarquer dans un avion.
Le projet de loi a été défendu jeudi par Delphine Batho, la présidente de GénérationEcologie, sur la radio française RMC. Batho a été ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie du gouvernement Macron pendant un an.
Chaque citoyen se verrait attribuer un quota lui permettant de parcourir un certain nombre de kilomètres en avion. Une fois ce quota épuisé, ce même citoyen devrait attendre l’année suivante pour reprendre l’avion.
Selon Bato, il est urgent de réorganiser le transport aérien dans le monde pour limiter les émissions de CO2 dans la lutte contre le changement climatique. « Nous ne pouvons plus doubler le trafic aérien mondial tous les dix ans. Ce n’est pas compatible avec la lutte contre le changement climatique. «
L’Autriche a opté pour la taxe
GénérationEcologie s’oppose aux propositions visant à faire payer plus cher les voyages aériens sous forme de nouvelles taxes. Une telle mesure a récemment été introduite en Autriche. Désormais, un ticket coûte au minimum 40 euros. Il y aura également un supplément de 30 euros sur les vols de 350 kilomètres ou moins. Cette mesure fait partie du plan de soutien que le gouvernement autrichien vert conservateur a récemment approuvé pour la compagnie aérienne Austrian Airlines, une filiale de Lufthansa.
Selon Bato, les personnes qui ont les moyens financiers peuvent simplement continuer à voler en payant des taxes supplémentaires. Cela, alors que les citoyens plus pauvres ne le peuvent pas. Par conséquent, chaque citoyen devrait se voir attribuer un quota lui permettant de « voyager de temps en temps en avion ». A noter que les voyages d’affaires, intra-français (Corse et territoires d’outre-mer) et familiaux resteraient exclus de la mesure. Il ne s’agit donc que de voyages de vacances et de loisirs. Bato ne pense pas que les gens essaieront de profiter des soi-disant «failles». Par exemple, voyager jusqu’en Belgique en voiture pour y prendre un avion. L’ancienne ministre se montre positive: « Pendant le verrouillage, les Français se sont montrés très disciplinés face aux mesures imposées ».
« Modèle low-cost non compatible avec le respect de la planète »
Selon Bato, le modèle low-cost n’est toutefois pas compatible avec le respect de la planète. « C’est un système destructeur qui crée l’idée qu’un voyage en avion n’a pas de conséquences, car il ne coûte presque rien. »
Il y a un an, GenerationEcology avait lancé une proposition d’interdire les courts trajets aériens lorsqu’il existe une offre TGV sur la même liaison, ce qui permet d’atteindre la destination en moins de 4 heures. Il est de plus en plus probable que cette proposition finira par être incorporée dans un texte juridique à l’avenir.
« Les verts n’ont de leçons à tirer de personne »
Les problèmes actuels dans le secteur de l’aviation, avec des licenciements massifs et des faillites, n’ont rien à voir avec la transformation écologique, selon Bato. « Ils sont le résultat de l’ignorance de la transformation écologique. Le secteur vit dans une bulle depuis des décennies, créée par le mythe du doublement du trafic aérien mondial tous les 10 ans. Cette bulle a maintenant été percée par le coronavirus. «
Enfin, lorsqu’il est constaté que les Verts ont « un problème de réalisme économique », Bato répond que les Verts n’ont aucune leçon à tirer de quiconque dans ce domaine. «Le gouvernement n’a jamais eu de stratégie pour le secteur de l’aviation et a accepté cette illusion d’une croissance illimitée.»
Des billets d’avion à 10 euros? « Ce n’est plus possible »
Un jour plus tôt, le ministre français des Transports Jean-Baptiste Djebbari avait commenté sur la même chaîne « que les billets d’avion à 10 euros » ne seront plus possibles dans le monde post-corona et que des solutions sont en cours d’élaboration au niveau de l’UE. Outre la question climatique, Djebbari estime que le dumping social dans le secteur à petit budget est particulièrement important.
Selon la Commission européenne, les émissions de CO2 des vols en Europe (ETS aviation) augmentent en moyenne de 5% par an. 2019 a fait exception à cette règle, car l’augmentation a ensuite été réduite à 1%.
Selon le World Resources Institute, le trafic aérien représente 1,9% des émissions mondiales de CO2.