En faillite depuis fin mars, l’opérateur de satellites OneWeb, qui vise la mise en orbite d’une constellation de mini-satellites afin de proposer un réseau internet mondial depuis l’espace, cherche un repreneur. Les investisseurs intéressés ont jusqu’au 26 juin pour remettre leurs offres. Une chance pour l’Europe de rattraper une partie de son retard en la matière, mais qu’elle semble être en passe de laisser passer.
Fondée en 2014 par l’homme d’affaires américain Greg Wyler, OneWeb est désormais placée sous la protection du chapitre 11 de la loi sur les faillites américaines. Son principal soutien financier, Softbank, qui a déjà investi environ deux milliards de dollars dans le projet, a refusé fin mars de mettre la main au portefeuille précipitant ainsi la chute de l’entreprise.
Concurrent direct de SpaceX et de sa constellation Starlink, et d’Amazon et son projet Kuiper, OneWeb n’a pour l’instant placé que 74 satellites en orbite, contre environ 500 pour la société d’Elon Musk. Et la firme aurait encore besoin de deux milliards de dollars pour compléter le déploiement de ses engins. Un futur repreneur devra donc avoir les reins solides, ce qui n’est pas suffisamment le cas des opérateurs de satellites traditionnels.
Fréquences
‘La valeur de OneWeb réside essentiellement dans ses droits de fréquences, car le design de ses satellites est déjà obsolète et il reste de nombreux soucis dans la réception au sol’, explique un opérateur de satellites sur le site du journal français Les Echos. La firme est en effet la première à avoir demandé des fréquences d’émissions pour ce type de réseau, ce qui signifie que les suivants – Starlink de SpaceX, Kuiper d’Amazon – doivent s’adapter et faire en sorte de ne pas brouiller les signaux des précédents. Un avantage pour lequel les deux géants précités pourraient se porter candidats à une éventuelle reprise, outre le fait de se débarrasser d’un concurrent direct.
Course à l’espace
La course aux méga-constellations est actuellement archi-dominée par les États-Unis. Quant à la Chine, elle aurait les ressources nécessaires pour y prendre part si tel était son souhait. Mais la vente de OneWeb pourrait constituer une occasion unique pour les entreprises européennes de refaire leur retard dans ce secteur d’avenir, mais celui-ci est encore loin d’avoir prouvé sa rentabilité. D’autant plus que des firmes comme Airbus et Arianespace sont parties prenantes dans le projet OneWeb, puisque la première fabrique les satellites et la seconde les place en orbite.
Mais aucun acteur privé ou institutionnel européen n’a su, si l’on en croit Les Echos, prendre le leadership et faire converger les intérêts de plusieurs parties pour mettre sur pied un projet commun.
La liste des repreneurs potentiels de OneWeb sera fixée le 26 juin prochain. Sera-t-elle à forte coloration américaine ou chinoise? Impossible de la dire à ce stade. Mais une chose semble acquise, elle ne devrait pas être très européenne…