Le lourd marché immobilier de l’Espagne serait sur le point de connaître un second effondrement en une décennie. C’est ce qu’indiquent les économistes qui étudient l’impact du confinement le plus strict d’Europe sur la demande de biens immobiliers.
Tenter d’estimer l’ampleur des conséquences du lockdown sur le secteur serait encore un peu prématuré. Mais les experts qui étudient le marché espagnol affirment déjà que le coup porté aux prix des logements se chiffrerait de 6,5 % à 15 % en 2020.
‘Nous sommes dans le prologue d’un déclin qui ne se manifestera qu’en septembre’, déclaré à Bloomberg Gonzalo Bernardos, professeur d’économie qui dirige le programme de maîtrise en immobilier de l’université de Barcelone. ‘D’ici la fin de l’année, les prix auront baissé de 12 %, car c’est peut-être la crise économique la plus grave que nous ayons connue.’
Le marché espagnol avait pourtant redressé la barre après le précédent effondrement qui a atteint son creux en 2014, augmentant de 32 %. Mais la baisse des prix de l’immobilier se fait depuis douloureusement ressentir, la faute au coronavirus.
Chute des prix des logements
D’autres observateurs prédisent une chute de plus de 10 % cette année, sans s’aventurer jusqu’aux -12%. C’est ce qu’estiment Raymond Torres, du groupe de réflexion Funcas à Madrid, et Alejandro Inurrieta, consultant en immobilier et ancien économiste au ministère espagnol de l’économie. D’autres encore se veulent légèrement moins pessimistes, comme Fernando Rodriguez de Acuna, directeur du cabinet de conseil immobilier R.R. de Acuna & Asociados, qui prévoit une baisse de 6,5 %.
Leurs données indiquent toutes un rapport entre l’augmentation du nombre d’infections au Covid-19 et la diminution des prix de l’immobilier. C’est par exemple le cas dans la communauté de la Navarre, dans le nord de l’Espagne, et dans la région de Castille-et-León, où les taux d’infection sont les plus élevés du pays. Elles ont toutes deux enregistré l’une des plus fortes baisses des prix en mai, par rapport à l’année précédente, selon les données du ministère de la santé. Les régions qui s’en sont le mieux sorties, l’Andalousie, les Baléares et Murcie, ont vu au contraire les prix augmenter de 3,8 à 6 %.
Moins sévère qu’en 2008
Si ces données annoncent un nouveau futur sombre pour l’immobilier en Espagne, le secteur ne devrait pas traverser une crise aussi grave que la précédente. ‘Nous n’avons pas d’excès d’offre à vendre et nous n’avons pas non plus les niveaux d’endettement que nous avons connus lors de la crise de 2008’, a déclaré iriam Goicoechea, responsable de la recherche résidentielle et alternative chez CBRE en Espagne. ‘Ces deux facteurs signifient que nous aurons une reprise beaucoup plus rapide.’
Selon un rapport de la Banque d’Espagne, le PIB du pays pourrait chuter de 15 % cette année dans le pire des cas, tandis que le taux de chômage – qui était déjà de 14 % avant la crise – pourrait bondir entre 18,1 % et 23,6 %.