Aux États-Unis, l’indignation de la décision d’Amazon de répartir son second QG sur les villes de New York et Washington DC est à son comble.
L’année dernière le commerce en ligne américain Amazon avant lancé une sorte d’appel d’offres pour inviter les villes à soumettre des propositions concurrentes les unes des autres. En jeu : l’hébergement du second siège social d’Amazon. Le siège social initial est situé dans l’État de Washington, près de la ville de Seattle. Pas moins de 238 villes ont présenté leur candidature. L’enjeu n’était pas des moindres. Amazon avait promis de créer 50 000 emplois et d’investir 5 milliards de dollars supplémentaires dans la construction du nouveau centre. Au début de 2018, la liste a été réduite à 20 villes.
Bezos possède 3 maisons, devinez où elles se trouvent
L’appel d’offres a suscité de nombreuses critiques, car les politiciens se sont lancés dans une course aux subventions payées avec l’argent du contribuable pour la réalisation du projet. Une série de villes a donc renoncé. Mais qu’Amazon ait maintenant décidé de diviser le gâteau entre deux métropoles « prouve simplement que c’était une grosse arnaque », déclare Scott Galloway, professeur de marketing à la Stern School of Business de l’Université de New York, dans une interview à la chaîne d’information américaine MSNBC. Galloway avait prédit il y a un an qu’Amazon choisirait l’une de ces 2 sites pour cette raison : Jeff Bezos, le propriétaire d’Amazon et également l’homme le plus riche du monde, est propriétaire de trois maisons. « Chacune de ces maisons est maintenant située à moins de 10 kilomètres du nouveau siège. »
Il n’a jamais été question de concurrence, dit Galloway. « Plutôt une arnaque ». Bezos a voulu s’emparer des subventions du gouvernement pour réaliser ses projets et il a plus que réussi. Les politiciens ont promis de dégager toujours plus d’argent du contribuable pour réaliser le projet. Si certaines de ces promesses semblaient charmantes au début, les surenchères étaient souvent troublantes et effrayantes. Certaines propositions vont même dans le sens de la corruption.
L’argent des contribuables est transféré de manière élégante aux actionnaires d’Amazon
« L’argent qui était destiné aux pompiers, aux écoles et à d’autres programmes sociaux a maintenant été transféré d’une élégante manière aux actionnaires d’Amazon », a déclaré M. Galloway.
Amazon ne devra pas compter sur une très grande approbation pour son choix. D’abord, parce que celui-ci s’est porté sur 2 villes où les prix de l’immobilier étaient déjà inabordables pour la classe moyenne. De plus, les villes qui auraient désespérément de nouvelles initiatives, telles que Baltimore, Columbus, Indianapolis ou Pittsburgh, ont été complètement négligées.
Cela ne devrait pas surprendre, déclare Galloway (notre photo ci-dessous). « Nous continuons d’espérer que parmi ces sociétés du « Big Tech », que quelqu’un s’élève, qui se soucie du bien-être général. Mais cela n’arrivera pas. Nous avons le management de Facebook, qui pense qu’il n’est pas nécessaire de mettre en place des protections pour que nos élections se déroulent de manière équitable, et nous avons l’homme le plus riche du monde, qui veut obtenir des subventions partout. »
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« Attendre que les bons se lèvent est une stratégie sans valeur »
« C’est donc le problème. Nous continuons d’attendre que quelqu’un se lève. Mais cela n’arrivera jamais. A qui la faute ? C’est notre faute. Parce que nous continuons d’élire des personnes qui ne sont pas disposées à demander des comptes à ces sociétés comme elles le font pour toutes les autres sociétés. Lorsque l’homme le plus riche du monde part à la chasse aux subventions et que les politiciens élus sont disposés à lui accorder 50 000 dollars d’abattement fiscal par emploi créé, nous avons besoin d’autres politiciens. Mais attendre que des gens bien se lèvent est une stratégie sans valeur.
238 villes ont été menées en bateau
La vraie farce à ce propos est que 238 villes ont été bernées, alors que Bezos savait depuis longtemps où il irait. Pensiez-vous vraiment que l’homme le plus riche du monde passerait 12 minutes, sans parler de 12 jours par an, à Indianapolis ? À Seattle (où vit Bezos), il pleut 10 mois par an. Pensez-vous qu’il passerait les deux mois restants à Toronto ? C’était de la pure arnaque.
Laisser les villes dégager des ressources financières pour cette arnaque ridicule et les laisser calculer l’impact d’un deuxième siège sur la police locale, la planification urbaine, les écoles, etc., constitue un abus de bien commun ».
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« Tout le monde a été arnaqué deux fois »
« Cela prouve que Jeff Bezos et le conseil d’administration d’Amazon n’ont de respect pour rien ni pour personne. Ils savaient très bien où ils voulaient aller, mais ils ont décidé de mentir à tout le monde pour faire monter les cours. Et puis cette décision finale de diviser le gâteau sur deux villes. Pensez-vous vraiment que ces villes ont dit : « Eh bien, si vous ne créez que la moitié des emplois promis, nous réduirons également les subventions de moitié ? » Oubliez cela, tout le monde a été arnaqué à deux reprises.
Encore autre chose, un deuxième siège est en soi une fausse appellation. Ils ont été admirables. Que se serait-il passé si Amazon avait annoncé l’ouverture de 2 bureaux supplémentaires ? Les médias auraient-ils été obsédés par cela ? Les bourgmestres et les gouverneurs auraient-ils sorti leur carnet de chèques et dépensé des milliards de dollars ? Ajoutez toutes les informations sur le fonctionnement de toutes ces villes auxquelles Amazon a maintenant eu accès gratuitement. Google va créer autant d’emplois à New York qu’Amazon. La différence est que le CEO et le conseil d’administration ont un sens de l’éthique et ne mendient pas partout. »
Démanteler Amazon & co est la seule solution
Selon Galloway, il n’y a qu’un moyen de mettre fin à ce type de chantage, c’est de scinder ces sociétés. « Ces entreprises ont une valeur marchande cumulée qui est supérieure au PIB de l’Allemagne. Le pouvoir corrompt. Nous devons diviser ces entreprises et redonner de l’oxygène à l’économie. Lorsque les chemins de fer sont devenus trop gros, nous les avons démantelés, mais nous semblons manquer de courage pour agir et redresser la situation. Ces entreprises sont pourries. »