À San Francisco, c’est une activité souterraine peu banale qui se développe : faire les poubelles des ultra-riches. Le New York Times dresse le portrait de Jake Orta, vétéran devenu fouilleur de poubelles, ou, comme il préfère se définir, « chasseur de trésors ».
Comme des centaines d’autres « chasseurs », il parcourt les trottoirs des quartiers huppés, cherchant dans les poubelles des objets qu’il pourra ensuite revendre. Pour ses trouvailles, Orta peut gagner entre 30 et 40 dollars par jour. Fouiller dans les poubelles est illégal en Californie, mais la loi est rarement appliquée.
La poubelle miraculeuse de Zuckerberg
Jake Orta est né à San Antonio, au Texas. Devenu SDF après avoir fait carrière dans l’armée de l’air, il part vivre à San Francisco. Il bénéficie depuis quelques années d’un programme d’aide aux vétérans sans-abri, et fait les poubelles à plein temps.
Au crépuscule, il quitte son petit studio dans le quartier de Mission et gravit la colline bordée de demeures luxueuses. Orta garde les yeux au sol, scanne ses allées favorites et les bennes à ordures qui ont été généreuses par le passé.
Orta ne vit qu’à trois pâtes de maison de la maison à 10 millions de dollars de Mark Zuckerberg, dans les poubelles duquel il a une fois trouvé un aspirateur, un sèche-cheveux, une machine à café, le tout en état de marche. Ses découvertes récentes incluent des téléphones, des iPads, des montres ou encore des sacs de marijuana.
Il ne récupère que les objets que les gens ont clairement jetés, dans les bennes à ordures noires qui sont celles des déchets ménagers qui finissent à la décharge.
Un « service citoyen »
Pour Nick Marzano, un photographe australien qui documente le monde des ramasseurs d’ordures à San Francisco dans sa revue Mission Gold, « c’est un service citoyen. Au lieu de finir à la décharge, ces objets sont réutilisés ». Selon lui, la fouille des déchets et les marchés à la sauvette sur lesquels les objets trouvés sont revendus représentent une forme d’entreprenariat. Il ajoute que « c’est la source principale de revenus pour des gens qui n’ont pas d’autres revenus ».
Robert Reed est le porte-parole de Recology, la principale entreprise de gestion des déchets de la ville. Il pense que beaucoup d’objets se retrouvent à la poubelle par commodité, car il est plus simple de s’en débarrasser ainsi qu’en les recyclant ou en les donnant : « On compte de plus en plus d’employés de la tech, et la vie de la ville s’accélère. Ces gens ont un temps d’attention limité. Certains jettent des objets qui pourraient être réutilisés en passant par un magasin d’occasion ».