Si Nicolas Maduro est évincé du pouvoir, la Russie pourrait perdre beaucoup. Les prêts massifs de Moscou à Caracas ne sont qu’une pièce du puzzle, explique le quotidien Deutsche Welle. En effet, les réserves de pétrole vénézuéliennes pourraient faire baisser les prix du pétrole et perturber l’économie russe.
Actuellement, le régime du président vénézuélien Nicolas lutte contre ses rivaux de l’opposition afin de conserver le pouvoir. Maduro est soutenu par Moscou et son départ du pouvoir serait également une perte pour la Russie et ce, à plus d’un titre.
Géant pétrolier Rosneft
Les inquiétudes de la Russie se centrent principalement autour de Rosneft, le deuxième plus grand producteur de pétrole russe. En 2017, cette société qui appartient majoritairement à l’Etat russe, a consenti à un prêt de 6 milliards de dollars (5,26 milliards d’euros) au Venezuela. Le Venezuela devait honorer sa dette via les participations de Rosneft à cinq projets majeurs d’exploration et de production pétrolière de sa propre entreprise énergétique, Petroleos de Venezuela SA.
A la fin de l’année dernière, Rosneft détenait entre 25% et 40% des cinq entreprises. Toutefois, en raison du retard des livraisons, le PDG de Rosneft, Igor Sechin, s’est rendu à Caracas en novembre. Cependant, étant donné que le contrat doit expirer en 2019, il est fort probable que Rosneft a déjà récupéré la majeure partie de ses fonds, indique le journal allemand.
D’un autre côté, il semble également improbable qu’un nouveau gouvernement au Venezuela exproprie les fonds fournis par des investisseurs étrangers si ces participations sont obtenues légalement, sans corruption. En d’autres termes, tous les traders qui se sont dépêchés pour se débarrasser de leurs actions Rosneft à la bourse de Moscou pourraient avoir agi prématurément.
Armes russes
La situation semble plus compliquée en ce qui concerne les prêts de la Russie au Venezuela pour l’achat d’armes russes. Selon plusieurs médias russes, Moscou aurait prêté 11 milliards de dollars à Caracas pour ces achats au cours des deux dernières décennies. Toutefois, on ne sait pas à combien s’élève le remboursement vénézuélien actuellement. Moscou devrait restructurer les dettes du Venezuela dans des conditions favorables, indique par ailleurs le journal.
Mais il n’est pas certain qu’un nouveau gouvernement accepte de rembourser l’argent à la Russie. Cependant, même si le Venezuela ne remboursait pas totalement sa dette, le projet ne serait pas vraiment une perte pour la Russie. En effet, ces fonds ont servi à la production de fusils Kalachnikov, de jets militaires, d’hélicoptères, de chars d’assaut et d’autres armes russes. Cela a permis de renforcer l’industrie de l’armement russe.
Perte totale pour la Russie
Au total, la Russie pourrait perdre environ 11 milliards d’euros si on assiste à un changement de régime au Venezuela. Toutefois, cette perte est minime si on la compare à l’impact possible des énormes réserves de pétrole du Venezuela sur les marchés mondiaux. Selon les experts, le pays sud-américain possède plus de pétrole que tout autre pays au monde, y compris l’Arabie saoudite. Mais après 20 ans de gestion désastreuse sous Hugo Chavez puis sous Maduro, l’industrie pétrolière vénézuélienne s’est détériorée et ne joue qu’un rôle mineur sur la scène mondiale.
Selon Deutsche Welle, un nouveau gouvernement vénézuélien pourrait installer des leaders plus compétents dans le secteur pétrolier. Ces derniers pourraient relancer l’industrie pétrolière et les exportations du Venezuela. Par ailleurs, les sociétés occidentales et américaines pourraient revenir dans le pays. Cette évolution pourrait créer un tout nouveau terrain de jeu pour les livraisons mondiales de pétrole et contribuer à la baisse des prix du pétrole.
« Ce serait le pire scénario pour la Russie dont l’économie repose fortement sur les exportations de pétrole et de gaz, maintenant les prix du pétrole à niveau supérieur », conclut Deutsche Welle.