Ces dernières années, l’Asie est rapidement devenue l’un des principaux marchés de l’industrie de la voile. Plusieurs groupes chinois ont d’ailleurs réalisé une série d’acquisitions de grands constructeurs de super-yachts. Le groupe Feretti appartient maintenant à 87% au conglomérat chinois Weichai Group. Dalian Wanda Group a acquis une participation de 91,8% dans Sunseeker Yachts. Le groupe Lai Sun a acquis 49,9% de Camper et Nicholsons. Néanmoins, selon Bloomberg, les prévisions optimistes concernant le développement du marché de la plaisance en Chine se sont révélées erronées.
Selon les observateurs, divers facteurs expliquent pourquoi ces prévisions ne sont pas devenues réalité.
Xi Jinping
Parmi les deux cents super-yachts du monde, il n’y a que trois bateaux avec un propriétaire chinois. L’élite financière chinoise dépense de l’argent pour l’achat des meilleures œuvres d’art, pour prendre le contrôle d’équipes sportives et pour l’acquisition de terrains de golf. Néanmoins, les Chinois ne s’aventurent pas sur le marché des super-yachts.
Selon Eric Noyel, courtier chez Asia Marine Yacht Services Ltd, trouver un acheteur, même pour un super-yacht de taille modeste, est maintenant presque impossible en Chine. Il y a sept ans, la China Cruise & Yacht Industry Association avait estimé qu’il y aurait 100.000 navires de luxe en Chine d’ici 2020, contre 3.000 en 2012.
Cependant, selon les vendeurs, les ambitions en matière de vente de super-yachts en Chine ont presque totalement disparu. Il s’agit d’une conséquence secondaire de la campagne de lutte contre la corruption mise en place par le président chinois Xi Jinping. Sous ce dernier, afficher sa richesse en public est presque devenu un crime.
Cependant, le choix des Chinois de ne pas investir dans les yachts privés s’explique par d’autres raisons. D’une part, les métropoles côtières de la partie continentale manquent de chantiers de réparation, de fournisseurs d’équipement et de réseau de soutien coûteux nécessaire aux yachts privés. Par ailleurs, la région compte très peu de grandes marinas. Quiconque envisage d’acheter un yacht sera obligé de mouiller à Hong Kong, à Singapour ou à Phuket.
Législation
En 2015, les règles concernant l’exploitation des yachts dans les eaux chinoises ont été durcies. Désormais, les bateaux ne peuvent plus avoir que douze personnes à bord. Étant donné qu’un yacht de toute taille a besoin d’un équipage de six personnes, il n’y a plus de place pour l’organisation de grandes fêtes.
En outre, les eaux côtières de la Chine ont une structure complexe. Au Nord, les pesticides, les déchets et les engrais chimiques ont contaminé les eaux. Dans d’autres régions, la présence de la marine et des garde-côtes chinois rend toute autre activité impossible.
Les conséquences ne se sont pas fait attendre.
L’entreprise Sunseeker Asia Ltd., qui vend des bateaux depuis le début des années 2000, a été contrainte de fermer trois salons en Chine. Depuis 2015, la société n’a pas vendu un seul yacht pour une utilisation en Chine. Cependant, Sunseeker possède encore des clients chinois mais ceux-ci livrent les bateaux à l’étranger. De nombreux Chinois ont depuis vendu leur yacht.
Un certain nombre de fabricants ont réagi à cette tendance. Ferretti conçoit maintenant des yachts pour le marché chinois où il n’y a pratiquement plus de couchettes. Les espaces sont réservés aux tables de banquet et aux scènes de karaoké.
Pourtant, il y a encore des ventes aléatoires ici et là sur le marché chinois. L’entreprise Simpson Marine a réussi à trouver en Chine un acheteur pour un bateau de 26 mètres. En outre, l’industrie locale a lancé le bateau Illusion Plus, un navire de luxe de 88 mètres, le plus grand yacht fabriqué en Chine. À Hainan et à Zhuhai, le gouvernement envisage de construire de nouveaux ports de plaisance, bien que ces derniers ne seront pas assez grands pour accueillir l’Illusion Plus.