Les membres du parti conservateur conservateur britannique ont l’intention de demander à la reine britannique Elizabeth d’assister au prochain sommet européen afin d’obtenir un nouveau report du Brexit. Ces conservateurs sont tellement inquiets que le prochain Premier ministre britannique ignore la volonté du Parlement qu’ils veulent que le chef de l’Etat intervienne. Or, elle n’a pas fait une telle chose depuis 67 ans.
Les temps désespérés appellent des mesures désespérées. Le British Office for Budget Responsibility (OBR) a jeté de l’huile sur le feu jeudi avec la publication d’un rapport soulignant la vulnérabilité des finances britanniques. Pour beaucoup de Britanniques, sa lecture est pénible. En cas de « no-deal Brexit » (Brexit sans accord), l’OBR prévoit de grosses difficultés pour les Britanniques.
- Le Trésor britannique perdrait plus de revenus qu’il ne réaliserait d’économies parce qu’il n’aurait plus d’argent à dépenser pour Bruxelles.
- La livre sterling se déprécierait par rapport à l’euro.
- La valeur des biens immobiliers diminuerait de 10 %, ce qui entraînerait une diminution proportionnelle des recettes de la taxe foncière, ce qui représenterait un déficit de 30 milliards de livres sterling pour le trésor public.
- La TVA et l’impôt sur les sociétés baisseraient de 10 milliards de livres sterling par an, tandis que les programmes d’aide sociale augmenteraient de 2,7 milliards de livres sterling par an.
- D’ici le milieu de l’année 2021, le produit intérieur brut (PIB) devrait être inférieur de 4 % aux prévisions que l’OBR avait faites en mars, dans l’éventualité d’un brexit avec accord.
Alimenter la peur dans une situation incertaine est une tactique éprouvée et très en vogue
Nourrir la peur dans une situation incertaine est une tactique éprouvée et très en vogue chez les politiciens. Lors du vote sur le Brexit, il y a trois ans, le ministre des Finances, George Osborne, avait prédit que 820 000 emplois seraient perdus d’ici deux ans s’il n’y avait pas d’accord de transition. Trois ans plus tard, le taux de chômage au Royaume-Uni est à son plus bas niveau.
Cependant, l’analyse de l’OBR n’est pas sans importance, puisqu’un scénario de no-deal brexit devient plus en plus probable. Lorsque Boris Johnson entrera au 10 Downing Street la semaine prochaine, il n’aura pas de majorité parlementaire derrière lui. Il n’a pas besoin de cela pour annoncer un Brexit sans accord. Mais il aura besoin d’une majorité pour mener ce Brexit sans accord dans la bonne direction.
Brexit : le problème reste le backstop irlandais
Johnson peut donc faire 2 choses. Il peut immédiatement organiser des élections et faire campagne en promettant de réaliser le Brexit et d’empêcher la tenue d’un deuxième référendum. En outre, il peut essayer de négocier un autre accord avec l’UE, qui prolongerait automatiquement la période de transition.
Le filet de sécurité (« backstop ») irlandais reste un problème majeur. Le Royaume-Uni et l’Union européenne ont tous deux annoncé à un stade précoce du processus du Brexit qu’ils préféreraient ne pas voir une frontière dure entre l’Irlande (qui reste au sein de l’UE) et l’Irlande du Nord (qui demeure au sein du Royaume-Uni).
Cette « solution de secours » veut que le Royaume-Uni reste dans l’union douanière européenne afin d’empêcher les contrôles entre l’Irlande du Nord et le reste du Royaume-Uni. De cette manière, la frontière entre l’Irlande et l’Irlande du Nord resterait également ouverte. Mais beaucoup de conservateurs ne veulent rien savoir. Ils exigent que le Royaume-Uni puisse conclure des accords commerciaux après le Brexit. Cela est hors de question si le pays se retrouve dans une union douanière avec l’Union européenne.
À ce jour, aucune alternative ne semble avoir été trouvée. Cela fait d’un no-deal Brexit une réelle possibilité. Heureusement, la politique a aussi souvent le talent nécessaire pour proposer de nouvelles solutions et ajuster les attentes.
Le Brexit reste donc un saut dans l’inconnu, mais les électeurs du Leave sont plus déterminés qu’il ya 3 ans à faire du départ de l’UE une réalité. Si Johnson réalise ses menaces, il devra convaincre les Britanniques (et l’UE) qu’il comprend les risques d’un no-deal Brexit et qu’il a un plan pour les minimiser. Il devra également expliquer aux Britanniques quelles sont les conséquences et les coûts possibles. Sa dernière performance à cet égard (voir la vidéo ci-dessous) ressemblait davantage à celle d’un humoriste.
Un accord demeure donc peut-être encore plus souhaitable qu’un non-accord.