Malgré une grande inquiétude concernant le rôle que jouent les médias sociaux dans la propagation de fausses informations, notamment durant les campagnes électorales, une nouvelle étude publiée fin mars dans la revue PLOS ONE révèle que ces sites n’auraient en fait qu’un impact limité sur les convictions des Américains.
Facebook en particulier était dans le collimateur, accusé d’avoir répandu des informations erronées lors de la campagne de 2016, mais il apparaît qu’en réalité le site aurait réduit les idées fausses des utilisateurs de Facebook, comparé aux utilisateurs d’autres médias sociaux.
Selon l’auteur de l’étude R. Kelly Garrett, professeur en communication à l’université d’État de l’Ohio, il faut relativiser les dangers de la propagation de fausses informations par les médias sociaux.
Certes, les Américains se tournent de plus en plus vers les médias sociaux pour s’informer politiquement. En 2012, deux habitants des Etats-Unis sur cinq utilisaient les médias sociaux à des fins politiques, selon le Pew Research Center. Quatre ans plus tard, Facebook était la source la plus consultée pour l’obtention d’informations politiques durant le mois précédant l’élection – plus utilisée que n’importe quel autre site, y compris les principaux organes de presse.
Le déroulement de l’étude
Lors des élections présidentielles de 2012 et 2016, des échantillons de plusieurs centaines d’Américains ont rempli un questionnaire en ligne à trois moments du cycle électoral. Dans ces sondages, ils devaient détailler leur utilisation des médias sociaux, ainsi que leur degré d’adhésion avec certaines fausses affirmations.
Ces fausses affirmations pour l’étude de 2016 portaient sur quatre thèmes souvent débattus durant la campagne, quatre sujets largement couverts par les médias. Les personnes répondant au questionnaire devaient indiquer à quel point elles considéraient que les phrases suivantes étaient justes :
– l’abrogation de la loi sur les soins abordables (le Affordable Care Act) réduirait la dette nationale,
– la plupart des musulmans soutiennent la violence contre les pays occidentaux, y compris les Etats-Unis,
– les immigrés sont plus susceptibles de commettre des crimes violents que les personnes nées aux Etats-Unis,
– l’activité humaine n’a aucun impact sur le climat mondial.
Les participants devaient aussi préciser quels médias sociaux ils utilisaient au cours de chacune des trois vagues de l’étude. Selon les résultats, Facebook était la plateforme la plus visitée, suivie de Youtube et Twitter.
Facebook se distingue
Ce que les résultats de l’étude montrent, c’est que globalement, l’utilisation des médias sociaux n’entraîne pas un degré plus important de croyance des participants sur ces quatre questions, en fait l’influence des médias sociaux sur les opinions des utilisateurs est assez limitée.
Il est intéressant de noter que l’influence des médias sociaux était différente chez les utilisateurs de Facebook comparé aux utilisateurs d’autres réseaux sociaux. Dans l’étude, les utilisateurs de Facebook avaient légèrement plus tendance à ne pas être d’accord avec les quatre phrases citées plus haut.
Comme l’explique l’auteur, « l’ampleur de cet effet est réduite, mais cela remet en question la croyance conventionnelle selon laquelle Facebook aurait une influence particulièrement néfaste, en tout cas concernant les convictions sur un thème de campagne ».