L’Iran a quadruplé sa capacité de production d’uranium enrichi, a annoncé Behrouz Kamalvandi, porte-parole de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique. Kamalvandi a évoqué une montée des tensions avec les Etats-Unis au sujet du programme nucléaire de Téhéran. Par ailleurs, cette annonce a lieu juste après que le président Donald Trump et le ministre iranien des Affaires étrangères aient échangé des menaces et des insultes sur Twitter.
Les responsables iraniens ont tenu à souligner que l’uranium ne serait enrichi que jusqu’à la limite de 3,67% fixée dans l’accord nucléaire de 2015 avec les puissances mondiales. Cette limite rend l’uranium utilisable comme matière première pour une centrale nucléaire, mais ne permet pas de produire l’arme atomique.
Limites de stockage
« Mais en augmentant la production, l’Iran dépassera bientôt les limites de stockage fixées par l’accord », explique l’agence de presse Associated Press. « Le gouvernement iranien a donné à l’Europe un répit jusqu’au 7 juillet pour fixer de nouvelles conditions à cet accord. Sinon, l’Iran commencera à enrichir de l’uranium à des niveaux plus proches de la qualité militaire dans un Moyen-Orient déjà sous tensions. »
Les États-Unis ont considérablement accru leur présence militaire dans la région. Le gouvernement américain a également averti les compagnies aériennes commerciales qu’elles pourraient être attaquées par l’Iran, ce qui a été démenti par Téhéran. Une roquette a atterri dimanche près de l’ambassade américaine dans la zone verte de Bagdad. Ce mois-ci, des responsables des Émirats arabes unis ont affirmé que deux pétroliers avaient été sabotés dans le détroit d’Ormuz. Un oléoduc en Arabie saoudite a récemment été endommagé suite à une attaque de drones revendiquée par le groupe de rebelles houthis du Yémen, Ansar Allah. L’Arabie saoudite accuse l’Iran de les soutenir.
Behrouz Kamalvandi a déclaré que, sous la pression des sanctions américaines, son pays avait décidé d’accroître l’enrichissement d’uranium. Il a ajouté que l’Iran avait pris cette mesure parce que les États-Unis avaient mis fin à un programme leur permettant d’échanger de l’uranium enrichi avec la Russie ainsi qu’à la vente d’eau lourde à Oman. L’eau lourde aide à refroidir les réacteurs produisant du plutonium pouvant être utilisé dans les armes nucléaires.
Kamalvandi a encore déclaré que l’Iran avait informé l’Agence internationale de l’énergie atomique de l’évolution de la situation. L’Iran a longtemps insisté sur le fait qu’il ne cherchait pas à produire l’arme nucléaire. Cependant, l’Occident craint que son programme ne lui permette de construire une bombe atomique.
Oman
Pendant ce temps, Donald Trump et Javad Zarif, le ministre iranien des Affaires étrangères se sont affrontés sur Twitter.
Le secrétaire britannique aux Affaires étrangères, Jeremy Hunt, a expliqué que l’Iran ne devrait pas douter de la résolution américaine. « Si les intérêts américains sont attaqués, ils se vengeront. Nous voulons que la situation se désamorce, car c’est une partie du monde où des choses peuvent se déclencher accidentellement », a déclaré Hunt.
Entre-temps, Yusuf bin Alawi, le ministre des Affaires étrangères d’Oman a rendu une visite inopinée à Zarif lundi à Téhéran. Auparavant, Qaboos bin Said, le sultan d’Oman, s’était entretenu avec Mike Pompeo, secrétaire d’État américain.
Oman a longtemps servi de canal de liaison occidental avec Téhéran et le sultanat a organisé les pourparlers secrets entre les États-Unis et l’Iran qui ont jeté les bases des négociations de l’accord nucléaire.