Les sociétés FinTech rognent discrètement les parts de marché des banques traditionnelles sur le Vieux Continent. Au cours des deux dernières années, elles ont réalisé des progrès décisifs, grâce aux apports en capital-risque, et à une réglementation souple. Certaines d’entre elles comptent déjà des millions de clients en Europe.
La clientèle type de ces startups, ce sont des jeunes femmes et hommes âgés d’entre 20 et 40 ans, qui les ont adoptées au cours des deux dernières années. Ils apprécient leurs applications sophistiquées, avec des outils leur permettant de gérer leurs finances personnelles, mais aussi leur souplesse de fonctionnement. Il est par exemple possible de communiquer avec elles par SMS. Dénuées de réseau d’agences, elles ont des coûts de fonctionnement très réduits, ce qui implique qu’elles peuvent proposer une tarification très compétitive.
Des conditions favorables en Europe
Cela n’a pas échappé aux investisseurs, et elles recueillent aussi un certain succès auprès des capital-risqueurs. Depuis le début de cette année, 1,2 milliard de dollars (environ un milliard d’euros) ont été injectés dans ces start-ups. C’est plus du double du total de l’année dernière. Depuis 2014, ce montant a été décuplé, indique CB Insights, une société d’études de marché. Les startups européennes sont les grandes gagnantes, qui se sont partagé 70 % de cette somme.
En Europe, ces startups prospèrent aussi grâce à une réglementation favorable, en particulier en Grande-Bretagne. En effet, depuis la crise financière de 2008, les gouvernements européens tentent de limiter le pouvoir des grandes banques, et l’arrivée de ces sociétés sur le marché bancaire permet d’offrir de nouvelles alternatives.
L’année dernière, Monzo est ainsi devenue l’une des premières startups des fintech à se voir octroyer une licence lui permettant de conserver les dépôts de ses clients. En moyenne, ses 900 000 clients gagnent près de 60 000 euros par an, soit près du double du salaire britannique médian. Revolut, une autre startup bancaire, compte déjà plus de 2,75 millions de clients en Europe.
Des défis à surmonter
Cependant, toutes ces petites banques ont encore un défi majeur à surmonter : atteindre le seuil de rentabilité. Ou plutôt, trouver comment l’atteindre. Pour assurer leur survie, elles devront apprendre à diversifier leur offre, et à proposer des services plus lucratifs, tels que l’octroi de prêts hypothécaires et d’autres prêts assortis de taux d’intérêt plus élevés.
Monzo, par exemple, a réalisé 33,1 millions de livres de pertes l’an passé. Elle tente de se rétribuer grâce aux rétro-commissions qu’elle perçoit sur les services assurés par d’autres établissements, sur les intérêts de découvert, et le prêt de sommes modiques.
Mais l’adoption de ces nouvelles activités expose ces petites sociétés à une nouvelle contrainte : un encadrement réglementaire bien plus étroit. Elles devront par exemple conserver un certain ratio de liquidités pour assurer la sécurité des dépôts de leurs clients, comme les banques traditionnelles. Une telle contrainte signifie qu’il ne leur sera pas possible de mobiliser les sommes correspondantes pour dégager des revenus additionnels.
Il leur sera également nécessaire de poursuivre leur expansion, en gagnant de nouveaux clients. Monzo convainc plus de 2 000 nouveaux utilisateurs chaque jour, et Revolut, plus de 7000, mais il est difficile d’amener les gens à changer de banque. Un crédit en cours, ou les formalités fastidieuses à accomplir pour avertir les tiers d’un changement de numéro de compte sont rédhibitoires pour un grand nombre de particuliers. De ce fait, les clients de Monzo qui lui confient leur salaire sont encore très minoritaires. Souvent, la plupart des clients de ces fintech font appel à leurs services en complément de leur compte bancaire principal, pour profiter de leurs services moins onéreux.
Enfin, les banques traditionnelles ont engagé le combat, en développant leurs propres applications mobiles… et dans certains cas, en rachetant certaines de ces fintechs.