Le Japon est l’un des pays avec l’espérance de vie la plus longue. Mais quel est le secret des Japonais pour vivre longtemps, heureux et en bonne santé?
C’est un fait connu depuis des temps immémoriaux: le Japon est le pays où la population vit le plus longtemps. Enfin presque, l’État nippon est chaque année au coude-à-coude avec Hong Kong dans le classement mondial des pays avec la plus longue espérance de vie. Les Japonais vivent actuellement, en moyenne, jusqu’à 83,8 ans, contre 84,3 ans pour les habitants d’Hong Kong.
En plus de cette longévité remarquable, le pays détient le record du nombre de centenaires, avec près de 65.000 personnes âgées d’au moins 100 ans peuplant son territoire. Ce qui lui vaut souvent le surnom de « pays le plus vieux au monde ». Mais cette situation ne risque pas de s’arranger dans le futur, puisque la démographie poursuit chaque année son déclin inquiétant.
De nombreuses études ont déjà tenté d’expliquer pourquoi les Japonais vivent aussi longtemps: l’alimentation, les taux de pollution, le niveau de richesse, les ressources naturelles, le système de soins de santé ou encore le système de pension ont notamment été pointés du doigt. Mais quelle est la réponse exacte? Quel est leur secret pour vivre aussi vieux, heureux et en bonne santé?
Des habitudes de vie saines pour une meilleure santé
Tout d’abord, selon la science, les facteurs génétiques ne semblent avoir qu’un impact limité sur l’espérance de vie. Au contraire, les modes de vie apparaissent jouer un rôle bien plus important.
Les Japonais ont, en effet, des habitudes de vie bien plus saines que les Occidentaux. Leur régime alimentaire, très diététique, est composé de moins de viande et graisses animales et de plus de poissons, riz, tofu, soja et légumes variés, le tout cuit à l’huile de colza ou d’olive. Ils boivent moins d’alcool et fument également moins. Par contre, ce sont de grands consommateurs de thé vert (et des instants relaxants qui accompagnent la boisson) et plus modérément de café. Or, les vertus sur la santé du thé comme du café ont déjà été maintes fois mises en avant par la science.
La population nippone compte, en outre, moins d’obèses et l’incidence du cancer, et d’autres maladies liées à la consommation excessive d’alcool, de tabac et de graisses saturées, y est beaucoup moins élevée que dans les pays européens. Mais l’alimentation n’est pas le seul facteur explicatif à leur longue espérance de vie.
L’ikigai, une philosophie de vie longtemps gardée secrète
Les Japonais possèdent également un secret bien gardé: l’ikigai. En japonais, « ikigai » peut se traduire par la « joie de vivre » ou « raison d’être ». Mais sa signification diffère selon les régions. Sur l’île d’Okinawa, au sud du Japon, l’ikigai est considéré comme la raison, l’envie et surtout la motivation qui poussent à se lever le matin, ce qui expliquerait le nombre impressionnant de centenaires en bonne santé que compte la préfecture. Dans le reste du Japon, l’ikigai est moins perçu comme un concept philosophique en tant que tel. Les Japonais l’emploient dans la vie de tous les jours, sans forcément le prendre au sérieux.
L’ikigai trouverait ses racines dans l’époque de Heian (entre 794 et 1185). Cette motivation à se lever le matin se compose de plusieurs facteurs se situant entre l’auto-accomplissement et le bien de la communauté (que ce soit au travail ou dans la vie privée). Dan Buettner l’expliquait très bien, au cours d’une conférence TED en 2009 (voir vidéo ci-contre): l’ikigai comprend à la fois la recherche de sens et de bonheur dans sa vie personnelle et l’importance de la communauté et du groupe d’amis qui vous soutiennent dans les bons comme dans les mauvais moments. Un japonais heureux ne peut donc être une personne isolée des autres. La transmission intergénérationnelle et le rôle familial et communautaire interviennent également, puisqu’ils poussent les Japonais à pratiquer une activité physique et sociale jusqu’à un âge avancé.
Le hara hachi bu comme habitude alimentaire
Enfin, le régime alimentaire des habitants d’Okinawa, le fameux « hara hachi bu », joue un rôle évidemment prépondérant. Il s’agit d’une philosophie confucéenne qui consiste à s’arrêter de manger à 80 % de satiété, pour ne pas étirer les muscles de l’estomac (et donc vous faire enfler du ventre). Cette habitude alimentaire préconise, pour ce faire, de prendre les repas en famille et de s’autoriser plus de temps pour manger puisqu’il faut généralement attendre 20 minutes avant que le signal de satiété ne monte au cerveau.
Avant de finir votre assiette – et idéalement vers la moitié de votre repas – vous feriez mieux de poser vos couverts, prendre un moment pour écouter vos organes et vous demandez si vous avez réellement encore faim. Un bon conseil aussi est de changer toute votre vaisselle et d’opter pour des assiettes et bols plus petits, de manière encore une fois à être moins tenté par plus de quantité. C’est bien sûr totalement à l’opposé de notre culture occidentale, où nous avons appris depuis notre tendre jeunesse à toujours finir notre assiette.
L’introspection et la recherche intérieure de votre ikigai
L’ikigai est donc un tout, qui n’a rien à voir avec l’accomplissement professionnel ou le succès financier. Pour trouver votre ikigai, il faut vous adonner à l’introspection, réfléchir sur vous-même, sur ce que vous aimez et recherchez dans la vie. Il faut vous poser les bonnes questions, tout en faisant preuve de maturité et de confiance en vous. C’est toute une philosophie de vie. Cette démarche est donc souvent profonde, compliquée à mettre en oeuvre et demande surtout beaucoup de temps. De plus, gardez à l’esprit que votre ikigai peut changer au fil des années: votre but dans la vie n’étant évidemment pas le même à 18 ans qu’à 60 ans.
En somme, il faut voir l’ikigai comme le croisement où se rencontrent plusieurs sphères de la vie quotidienne: votre passion, votre vocation, votre profession et votre mission (ce dont le monde a besoin). Outre le développement personnel, la valorisation aux yeux de la communauté est très importante. Voyez donc la vie toujours avec positivité et demandez-vous chaque jour ce que vous aimez faire, ce pour quoi vous vivez et ce que vous apportez dans la société. Ce n’est que lorsque vous aurez identifié ce petit quelque chose qui vous donne l’envie de vous lever le matin que vous parviendrez à mettre plus de sens, de plaisir et donc de bonheur dans votre vie. Or, le bonheur et l’espérance de vie sont intrinsèquement liés.
Une fois votre ikigai identifié, il est fondamental de rester en harmonie avec lui à chaque étape de votre vie. Voyez cela comme si vous étiez un funambule marchant sur une corde raide (symbole de votre ikigai). Si vous ne vivez pas en synchronisation avec ce qui vous motive, alors vous tomberez de la corde et perdrez votre bonheur de vue. Pour vous aider, il existe des exercices simples et efficaces que vous pouvez retrouver notamment ici.