Aux Etats-Unis, la frénésie pour la blockchain semble se tasser. C’est ce qui ressort d’une analyse des annonces de résultats des entreprises présentes dans l’indice S & P 500.
Cette analyse indique en effet que lors des annonces de résultats trimestriels des sociétés composant l’indice S&P 500, et durant les présentations faites aux analystes et aux investisseurs de ces mêmes entreprises, les mentions « blockchain », « bitcoin », « cryptodevise » sont désormais beaucoup moins fréquentes qu’au début de cette année.
Un effet de « hype »
Ainsi, le mot « blockchain » n’est apparu que 35 fois au cours du 4e trimestre (arrêté au 8 novembre), alors que lors des premiers et seconds trimestre, il avait été cité plus de 150 fois.
Les mots « bitcoin » et « cryptodevise » n’ont été mentionné que 11 fois au cours de ce trimestre, alors qu’ils avaient été cités plus de 50 fois au cours des premiers et seconds trimestre. À leur apogée, au début de cette année, le mot « blockchain » a été mentionné 173 fois dans les rapports financiers des entreprises du S & P 500 ; depuis, ce chiffre s’est effondré de 80 %.
Autrement dit, il semble que ces concepts n’étaient qu’un « hype », et qu’ils viennent de passer de mode.
Lorsque cette frénésie était à son comble, la perspective que les entreprises allaient s’en saisir et intégrer la technologie de la blockchain ou les monnaies virtuelles dans leurs activités enthousiasmaient les investisseurs, ce qui provoquait une hausse des cours. Des entreprises telles que Kodak se sont d’ailleurs emparées de ces technologies pour redorer leur image, et faire remonter le cours de leurs actions.
En janvier, Kodak avait ainsi annoncé qu’elle avait conclu un partenariat avec Wenn Digital pour lancer une plate-forme photo nommée KodakOne, gérée sur le principe de la blockchain. En parallèle, elle avait créé une monnaie virtuelle, KodakCoin, centrée sur la photo. 24 heures plus tard, les actions de la firme cotaient 300 % de plus.
La blockchain semble avoir encore un avenir
Le bitcoin est forcément associé à la blockchain, qui est utilisée pour en comptabiliser les stocks, mais contrairement à cette dernière, il a été très critiqué. Désormais, pour les marchés financiers, il apparaît comme fortement risqué.
Néanmoins, certaines firmes ont maintenu leur confiance dans la blockchain. C’est notamment le cas d’IBM, qui a employé 70 fois la mention blockchain au cours du premier trimestre 2017. Elle a aussi investi de manière importante dans cette technologie et a constitué une équipe de 1500 personnes pour travailler sur ses applications.
« Les visionnaires continueront de forger, tandis que ceux qui espèrent des développements et des processus de transformation immédiats abandonneront. C’est la réponse que je donne habituellement lorsque l’on me demande de résumer en une phrase comment je pense que 2018 va se profiler pour le secteur de la technologie de la blockchain » écrit Martha Bennett, Principal Analyst de l’institut de recherche Forrester.
Elle explique que la technologie de la blockchain a suscité la création de 2 mondes parallèles : un monde de hype, « demeuré fermement dans la phase de l’exubérance irrationnelle », et un monde d’entreprises et de professionnels de la technologie qui travaillent réellement sur des projets. « Ce monde est fermement ancré dans la phase d’évaluation rationnelle et tout le monde s’accorde à dire que le déploiement généralisé et à grande échelle de réseaux basés sur la blockchain (ou même inspirés de la blockchain) n’est pas imminent ».
« En 2018 nous nous attendons à ce que l’on mette fin à un certain nombre de projets qui n’auraient jamais dû voir le jour en premier lieu », ajoute-t-elle.
Elle conclut en citant la loi du chercheur américain Roy Amara sur la technologie : « Nous avons tendance à surestimer l’effet d’une technologie à court terme, et a sous-estimer son effet à long terme ».