Tant pis pour la modernisation de l’Arabie saoudite. Avec 43 exécutions au premier trimestre 2019, le royaume est en passe d’atteindre un record absolu.
Les exécutions se font généralement par décapitation, mais des cas de crucifixions ont également été rapportés. Si les Saoudiens continuent à ce rythme, plus de 170 personnes auront été exécutées d’ici la fin de l’année. Selon Amnesty International, le record est de 158, un triste chiffre qui a été mesuré en 2014.
21 des exécutions cette année concernaient des délits liés à la drogue. La plupart des condamnés étaient des immigrants asiatiques pauvres pris dans les filets de mafias de la drogue locales. En 2018, 40 % des condamnations à mort étaient liées au trafic de drogue. 77 % des personnes exécutées étaient des étrangers.
L’adultère, l’abandon de l’islam, mais aussi la trahison, l’espionnage, le cambriolage, le meurtre, le terrorisme et le viol constituent d’autres «crimes» passibles de la peine de mort.
“Chop Chop Square”
La forme d’exécution la plus courante reste donc la décapitation, un spectacle traditionnellement donné après la prière du vendredi. Cela se passe généralement à la «Deera», une place du marché au centre de la capitale, Riyad. Le lieu où les exécutions ont lieu a été surnommé « Chop Chop Square » (« chop » signifie couper en anglais…).
Des réformes spectaculaires
En Arabie saoudite, toutefois, des réformes spectaculaires des normes saoudiennes ont été menées ces dernières années pour attirer les investissements étrangers et réduire la dépendance pétrolière du pays. Par exemple, les femmes ont récemment été autorisées à conduire des voitures et les cinémas ont été rouverts dans le pays sunnite-wahhabite pourtant très strict.
Mais cette modernisation, annoncée en grande pompe sous l’impulsion du prince héritier Mohammed ben Salmane (MbS), semble aussi avoir un pendant, ce qui laisse présager un possible retour vers le Moyen Âge Depuis qu’il règne à Riyad, le nombre d’exécutions a doublé dans le pays.
Une longue tradition d’exécutions
Pourtant, la Maison des Saoud n’a pas attendu que MbS promeuve une tradition d’exécutions. En janvier 2016, les Saoudiens ont simultanément décapité 47 prisonniers condamnés pour terrorisme. Mais la plus grande exécution de masse date de 1980. Les Saoudiens ont alors jugé 63 rebelles qui avaient tenté d’occuper la Grande Mosquée à La Mecque.
En 2015, les autorités saoudiennes ont recruté huit nouveaux bourreaux pour exécuter les peines en raison d’une pénurie de personnel. La description de poste se limitait à « l’exécution des condamnations à mort ».
Bien que le nombre d’exécutions ait continué d’augmenter depuis 2000, le pays ne se classe qu’au troisième rang du classement d’Amnesty International en termes de peines de mort. La Chine et l’Iran sont en tête devant le Royaume.