Le Kremlin veut se débarrasser du dictateur vénézuélien Nicolas Maduro et souhaite le voir fuir à Cuba. Sa place pourrait alors être occupée par une autre figure anti-américaine, plus appropriée. C’est ce qu’un diplomate russe a confié au groupe Eurasia, une organisation qui fournit des conseils sur les risques géopolitiques. La Russie discuterait d’une telle solution avec le Canada.
Maduro doit partir
Les chances que Maduro reste au pouvoir encore longtemps se réduisent chaque jour. La seule question qui se pose est comment il quittera la scène politique. En fuyant et en laissant le contrôle du pays à l’armée. Ou en se faisant payer très cher. Cela aboutirait à l’arrestation de Juan Guaido, l’homme qui a été reconnu par les Américains comme président depuis le week-end dernier. Cette dernière option mènerait inévitablement à de grandes manifestations et à un bain de sang.
Un autre scénario préconisé par l’UE envisage l’organisation de nouvelles élections présidentielles. Mais cela nécessite le soutien du régime actuel, et semble totalement exclu d’avance pour cette raison.
La Russie est en marche
La Russie semble donc bouger. Le week-end dernier, on a appris que le Kremlin avait envoyé un nombre inconnu de mercenaires à Caracas pour assurer la sécurité de Maduro. Il s’agirait de membres du groupe Wagner, une milice privée contrôlée par Evgueni Prigojine, l’ancien responsable du président Vladimir Poutine.
Le Venezuela, dernier et unique allié de la Russie dans la région
La Russie a tout intérêt à normaliser la situation au Venezuela. Le Venezuela est également le dernier allié de Moscou en Amérique latine. Au cours des 20 dernières années, le pays a investi plus de 17 milliards de dollars en faveur des régimes de Hugo Chavez et de Nicolas Maduro. Ces aides ont généralement pris la forme de prêts et d’investissements.
Les liens entre les deux pays se sont renforcés chaque année depuis l’an 2000. Chavez et plus tard Maduro ont été les invités les plus fréquents de Poutine depuis le début du siècle. Chavez s’est rendu à Moscou plus de 8 fois avant sa mort en 2013, Maduro y est déjà allé 4 fois.
Rosneft est l’investisseur le plus important au Venezuela
Poutine lui-même n’est allé qu’une seule fois à Caracas. Il a confié les relations russo-vénézuéliennes à son homme de confiance, Igor Sechin. Ce dernier s’est rendu au Venezuela au moins deux fois par an, d’abord en tant que vice-Premier ministre, puis en tant que CEO de Rosneft.
Le principal investisseur russe dans ce pays d’Amérique latine est la société pétrolière russe Rosneft. Ces dernières années, cette firme a payé plus de 8,5 milliards de dollars pour les livraisons futures de pétrole. Si le régime Maduro ne survit pas, cet argent est perdu. Un autre investisseur important est l’armurier russe Rosoboronexport. Le régime Maduro dispose ainsi d’armes, souvent financées par des prêts.
Le Venezuela a également été l’un des seuls pays au monde à reconnaître l’indépendance des républiques d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud après la guerre russo-géorgienne de 2008. L’annexion de la Crimée en 2014 n’a pas été reconnue par la Russie.
Depuis 2016, les deux pays discutent régulièrement de l’installation d’une base militaire russe au Venezuela, mais ces discussions ne progressent pas vraiment. Pour l’instant, ils se limitent à la présence sporadique d’avions de chasse russes sur une île au large des côtes vénézuéliennes.
Show me the money
Si les prêts du gouvernement, quel que soit le régime, doivent toujours être honorés, la présence de mercenaires russes à Caracas – si elle est confirmée – prouve que la Russie a bien l’intention de tirer profit de ses investissements et de soutenir son seul allié dans la région.