En Russie, le gouvernement de Vladimir Poutine veut nationaliser les bénéfices des entreprises privées du secteur des mines et de la chimie afin de financer les promesses électorales du président.
Les Etats-Unis ont annoncé mercredi une nouvelle série de sanctions économiques contre la Russie, qui entreront en vigueur le 22 août prochain. Selon les États-Unis, il est maintenant prouvé que les Russes étaient à l’origine de la tentative d’empoisonnement de l’ancien agent double russe Sergueï Skripal en Angleterre.
Si les sanctions sont approuvées, les banques russes ne pourront plus effectuer de paiements en dollars américains et les investisseurs occidentaux ne pourront plus acheter d’obligations gouvernementales russes. La Russie ne serait donc plus en mesure d’emprunter de l’argent à l’étranger.
Le rouble dévisse
Dès que la nouvelle a été connue, les investisseurs ont commencé à vendre massivement des actifs russes et le rouble a perdu 8 % par rapport au dollar américain en trois jours. C’est la plus grande dévaluation de la monnaie russe depuis 2014, et elle se trouve maintenant à son plus bas niveau depuis 2016. Bien que la baisse semble temporairement ralentie, elle devrait se poursuivre.
Le Premier ministre russe Medvedev a évoqué “une déclaration de guerre économique” et a promis aux Américains de réagir rapidement avec des mesures équivalentes. Mais, en réalité, la Russie dispose encore de peu de moyens pour nuire économiquement aux Américains.
Profiter des bénéfices des entreprises minières et chimiques
A la surprise générale, le gouvernement Poutine a proposé jeudi de nationaliser quelque 500 milliards de roubles (6,5 milliards d’euros) des bénéfices réalisés par les sociétés minières et chimiques privées en 2017. Avec cet argent, les Russes veulent financer les promesses électorales de Poutine. C’est le tiers des bénéfices réalisés par les entreprises du secteur. Selon Andrej Belousov, conseiller de Poutine, les entreprises ont connu une bonne année, car les prix des matières premières ont augmenté.
Les entreprises ne se réjouissent guère de cette mesure. Selon Vladimir Lisin, de l’Organisation russe des entreprises sidérurgiques, s’emparer de l’argent des entreprises sans même en discuter préalablement est tout simplement inédit, y compris dans une économie largement contrôlée par l’État. Selon Lisin, il faut s’attendre à ce que les entreprises travaillent de manière inefficace pour ne pas réaliser de profits.
Quiconque place son argent en Russie prend un risque énorme
D’après des experts russes, la proposition – qui, selon la presse russe, aurait déjà été approuvée par Poutine – clarifie la direction prise de plus en plus par le gouvernement russe, chaque fois que de nouvelles sanctions sont imposées.
Les investisseurs occidentaux qui ont placé de l’argent en Russie – généralement sous la forme d’obligations d’État ou d’actions de sociétés russes actuellement sous le coup de ces sanctions – voient donc les risques augmenter.
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