A Dhaka, la capitale du Bangladesh, les rues regorgent de pousse-pousse. Toutefois, les autorités voudraient que ce moyen de transport fasse partie du passé.
En juillet dernier, la ville a interdit les pousse-pousse sur trois routes principales. Selon Mohammed Atiqul Islam, le maire de la ville, la totalité de Dhaka devrait être débarrassée des pousse-pousse d’ici deux ans.
Les pousse-pousse provoquent le chaos
« Dhaka a un problème de circulation », explique Dhrubo Alam, responsable de l’Autorité de coordination des transports de Dhaka. “C’est l’une des villes les plus densément peuplées et congestionnées au monde.”
Selon un rapport récent de la Banque mondiale, la vitesse moyenne du trafic est passée de 21 km/h en 2008 à 7 km/h l’année dernière. Par ailleurs, l’immobilisme au sein des embouteillages équivaut à une perte de 3,2 millions d’heures de travail par jour pour un coût annuel de milliards de dollars.
Les pousse-pousse, des véhicules lents mais très maniables, constitue une part importante du problème, indique Alam. Dhaka compterait entre 600.000 et un million de pousse-pousse. Ils sont capables de changer de voie ou de faire demi-tour brusquement.
« Cela provoque le chaos », précise Alam.
Une autre raison de se débarrasser des pousse-pousse est que la plupart d’entre eux sont illégaux. Seuls 80.000 pousse-pousse ont une licence. La dernière nouvelle autorisation accordée remonte en outre à 1986.
Impasse
Des milliers de conducteurs de pousse-pousse se sont mis en grève pour protester contre l’interdiction proposée en juillet. Ils ont bloqué plusieurs grandes artères de Dhaka, ce qui a abouti à une recrudescence des embouteillages dans la ville.
Les pilotes de pousse-pousse ne sont les seuls à s’inquiéter d’une telle mesure. Des centaines de milliers de propriétaires, de fabricants, de mécaniciens et de vendeurs de pièces de rechange dépendent de ce secteur d’activités. Par ailleurs, les navetteurs utilisent les pousse-pousse plus que de tout autre moyen de transport. Au moins 40% des 3,5 millions de déplacements effectués chaque jour dans les rues de Dhaka sont effectués en pousse-pousse. La ville ne compte que 8.000 bus publics pouvant accueillir 18 millions de personnes. Le réseau ne suit aucun horaire et les chauffeurs n’ont souvent pas de licence.
La construction d’un réseau de métro est en cours, mais il ne sera pas assez grand pour réduire considérablement le trafic. Pendant ce temps, le nombre de véhicules particuliers augmente. De leur côté, les conducteurs de pousse-pousse sont trop pauvres pour repartir en grève.
Les riches achètent quant à eux des voitures et des motos et beaucoup d’entre eux ont plus d’un véhicule. « L’interdiction des pousse-pousse n’aidera certainement pas à résoudre les problèmes de circulation », conclut The Economist.