La construction d’un pont pour relier les deux parties continentales de la Croatie est une offense à la Serbie

La Croatie envisage de bâtir un pont pour permettre aux touristes à destination du sud du pays d’éviter la traversée d’une partie de la Bosnie. Actuellement, les automobilistes qui souhaitent se rendre à Dubrovnik, par exemple, en provenance d’une région située plus au nord de la Croatie, doivent traverser une zone de 14 km de long qui appartient à la Fédération de Bosnie-Herzégovine, un pays qui n’est pas membre de l’UE. En conséquence, ils sont contraints de passer deux postes frontières, et de subir les contrôles correspondants, ou de prendre le ferry pour éviter cet inconvénient. 

Le nouveau pont permettrait de contourner cette zone en faisant passer les automobilistes par la péninsule croate de Peljesac. Long de 2,4 km, il sera soutenu par des piliers de 240 mètres de haut, qui s’élèveront à 60 mètres au-dessus de l’Adriatique.

Selon le Premier ministre croate Zoran Milanovic, un appel d’offres public sera publié d’ici la fin de cette année, pour financer des travaux qui devraient débuter en 2016 pour une durée de 3 ans.

Le gouvernement croate estime que ce projet pourrait coûter 380 millions d’euros, dont 85% seraient payés par l’UE. Cependant, la Commission européenne a indiqué souhaiter d’abord examiner le projet, avant de décider de l’attribution des fonds correspondants. Selon certains observateurs, la somme budgétée pour ce projet est largement sous-estimée.

Les autorités croates affirment qu’en dépit d’un accord récent conclu avec la Bosnie, les queues aux postes frontières de celle-ci nuisent au tourisme, un secteur crucial pour la Croatie.

Certains Bosniaques redoutent que le pont coupe l’accès des grands navires à la petite ville de Neum, bien que celle-ci ne dispose pas d’un port qui pourrait les accueillir. Les opposants au projet le soupçonnent d’être symptomatique de l’animosité qui a conduit les deux nations à un conflit dans les années nonante. Ils estiment que le pont est une offense pour la Bosnie qui ne pourra probablement pas devenir membre de l’UE avant plusieurs années.

Des travaux d’édification d’un pont avaient déjà débuté en 2007, mais ils avaient été entravés par le manque d’argent et les litiges entre les deux nations.