[PICTURE|sitecpic|lowres]
Les historiens vont pouvoir ajouter un nouvel actif à la liste de ceux qui ont suscité l’apparition d’une bulle spéculative, indique le Financial Times, qui cite le « bitcoin » comme nouveau candidat, au même titre que l’immobilier américain ou espagnol, les tulipes de la South Sea Company, ou encore les actions des startups de l’ère dotcom.
Le bitcoin est une monnaie virtuelle dont le cours s’est envolé récemment, pour passer de 0,05 dollar à sa création en 2008 à 100 dollars au 1er avril, puis 147 dollars mercredi dernier, doublant de valeur en moins de deux semaines. Actuellement, l’encaisse totale de bitcoins est estimée à plus d’1,5 milliard de dollars, mais la parité de l’unité, qui est déterminée par la spéculation, évolue rapidement.
Cette devise virtuelle a été créée par Satoshi Nakamoto, un chercheur informatique (ce nom serait en fait un alias). La création de nouveaux bitcoins est réalisée par un algorithme d’élaboration extrêmement complexe. Le stock de bitcoins existant se développe donc en fonction du rythme de croissance programmé dans cet algorithme, ce qui en fait une monnaie stable, dotée d’un mécanisme d’autorégulation. On peut racheter les bitcoins sur le marché secondaire, qui fonctionne un peu comme un marché des changes traditionnel. Il est possible de les acheter pour investir, ou comme monnaie d’échange pour des transactions. Des sites internet acceptent déjà les bitcoins comme monnaie de paiement.
Le système des bitcoins est entièrement fondé sur la confiance, et il n’y a pas de tierce partie telle qu’une banque centrale qui puisse intervenir pour le réguler. En outre, il est privé ; lorsque l’on utilise sa carte de crédit, ou que l’on fait un virement, les gouvernements peuvent le voir. Mais ce n’est pas le cas avec les bitcoins. Pour cette raison, ce système est très prisé des Libertaires de l’Ecole Autrichienne qui y voient une alternative viable pour remplacer les monnaies existantes.
La crise chypriote et la décision d’opérer des ponctions sur les dépôts des épargnants semblent être à l’origine d’une crise de confiance pour les monnaies traditionnelles qui peuvent être dévaluées ou confisquées et elles ont donné un regain d’intérêt au bitcoin. Des experts en finance ont déjà commencé à s’y intéresser. Exante, un gérant de fonds basé à Malte, a créé l’année dernière un fonds en bitcoins. Le gérant, Gatis Eglitis, affirme désormais qu’il reçoit une vingtaine d’appels quotidiens de gérants de gros fonds qui veulent y investir jusqu’à 100 millions d’euros.
Jim Angel, un professeur de la McDonough School of Business de l’université de Georgetown, ne croit pas en la viabilité à long-terme du bitcoin, et il estime qu’il va s’effondrer à un moment donné : « Les gouvernements n’aiment pas la concurrence en matière de devises et s’il se met à trop grossir, ils l’arrêteront », dit-il. « En outre, vous faites confiance à un algorithme pour protéger le système, et nous savons tous que la technologie a des défaillances, ou qu’elle peut être piratée ».