Mario Draghi, le président de la Banque Centrale Européenne (BCE), a annoncé aujourd’hui que l’Institution allait stopper sa politique de quantitative easing (QE), destinée à soutenir l’économie de la zone euro.
Le quantitative easing (QE), ou assouplissement quantitatif, désigne une politique d’achats à grande échelle de titre de dettes détenus par les banques (bons du trésor,obligations d’entreprises, ou autres), avec pour objectif de transférer les liquidités qui sont ainsi dégagées aux banques pour qu’elles les injectent dans l’économie réelle sous la forme de prêts aux entreprises et aux particuliers. L’objectif est donc de faciliter l’octroi de crédit, qui lui-même favorise la consommation de biens ou services, ou d’investissements, afin de déclencher une reprise économique.
La décision de la BCE de cesser d’augmenter le QE avait été largement critiquée et les achats mensuels d’obligations étaient déjà passés de 30 à 15 milliards d’euros en septembre.
Un programme de QE qui devient un outil de l’arsenal permanent de la BCE
Néanmoins, M. Draghi a indiqué que ce programme était désormais intégré « à la boîte à outils » de la BCE, et que celle-ci se réservait la faculté de l’employer de nouveau en cas de choc économique.
La BCE a également indiqué qu’elle avait revu à la baisse ses prévisions de croissance pour la zone euro pour 2018. Celles-ci sont passées de 2 % (prévision de septembre), à 1,9 %, compte tenu de la dégradation de la conjoncture, mais également des inquiétudes liées à la dégradation des relations commerciales entre la Chine et les Etats-Unis, et la possibilité d’un Brexit sans accord, notamment. Les prévisions de croissance pour 2019 ont elles aussi été abaissées, de 1,8 % à 1,7 %.
2600 milliards d’euros injectés dans l’économie de la zone euro
Le programme de rachat d’actifs, lancé en 2015, a permis à la BCE d’injecter 2600 milliards d’euros dans l’économie de la zone euro. Néanmoins, l’Institution a précisé qu’elle continuerait de renouveler les titres parvenant à échéance pendant « une période prolongée » pour maintenir des conditions de crédit favorables, et ne pas tuer dans l’oeuf la reprise économique.
De même, les taux directeurs de la banque, actuellement au plus bas, seront laissés inchangés dans le même but « au moins jusqu’à l’été 2019 ». Actuellement, le taux de refinancement, c’est à dire le taux que les banques paient pour emprunter de l’argent à la BCE, est nul. (Il a été porté à 0 % en mars 2016). En revanche, les banques qui souhaitent placer leurs liquidités à la BCE « reçoivent » un taux d’intérêt négatif de 0,40 % (pour les dissuader d’accumuler ces liquidités « oisives »).
Une création monétaire équivalente à… 41 % du PIB de la zone euro en 3 ans
Cette politique a aussi eu pour effet de considérablement alourdir le bilan de la BCE, qui culminait à 4622 milliards d’euros au mois de novembre, soit plus de 41 % du PIB de la zone euro, et plus du double des 20 % de la banque centrale américaine (FED).
Autrement dit, la banque a créé l’équivalent de 41 % du PIB en masse monétaire en 3 ans, alors que l’économie de la zone euro n’a bien entendu pas crû à ce rythme… Beaucoup d’économistes s’inquiètent des risques posés par cette déconnexion entre la finance et l’économie réelle.