Ça y est : le président de la Banque Centrale Européenne (BCE), Mario Draghi, a annoncé que l’Institution allait mettre fin à sa politique d’achats nets d’actifs (APP), c’est à dire, de rachats d’obligations, d’ici la fin de l’année prochaine.
Le programme, qui a consisté à racheter pour 2.400 milliards d’euros d’obligations, et à réinjecter cette somme dans l’économie, avait largement contribué à sortir l’économie de la zone euro de la crise, selon de nombreux économistes.
Un rapprochement avec la Fed et la Banque d’Angleterre
La BCE réduira de moitié le montants de ses achats d’actifs mensuels après ce mois de septembre, pour les faire passer de 30 milliards d’euros à 15 milliards d’euros, et ils seront ensuite totalement supprimés d’ici la fin de l’année. La décision de la BCE amène donc l’Institution à se rapprocher de la position de la Réserve fédérale américaine et de la Banque d’Angleterre, qui ont toutes deux mis fin à leur politique d’assouplissement monétaire.
La Fed a relevé les taux d’intérêt d’un quart de point mercredi. Le taux des fonds fédéraux américains est maintenant compris entre 1,75% et 2%, ce qui contraste fortement avec les taux négatifs ou à zéro de la zone euro. La Banque d’Angleterre a elle aussi commencé à relever son taux d’intérêt. Mais contrairement à ces deux autres banques centrales, la BCE a décidé de maintenir les taux directeurs de la zone euro à leur niveau historiquement bas “aussi longtemps que nécessaire”. Ils ne devraient pas être relevés avant l’été 2019, au plus tôt.
La politique de QE est maintenue
De même, elle ne met pas fin pour autant à sa politique de quantitative easing, et Draghi a précisé que la BCE continuerait “pour une période prolongée” à réinvestir les sommes remboursées à l’échéance des obligations acquises dans le cadre du programme d’APP. Il a indiqué que le conseil d’administration de la BCE n’avait pas discuté de la date à laquelle ces réinvestissements cesseraient.
Draghi a en effet estimé que l’économie de la zone euro avait encore besoin d’un “stimulus monétaire significatif” pour atteindre son objectif d’un taux d’inflation proche de 2%. La zone euro a connu un taux de croissance de 2,3% en 2017, mais des indicateurs plus récents suggèrent que l’on assiste à un ralentissement. La BCE a d’ailleurs revu à la baisse sa prévision de croissance dans la zone euro pour cette année à 2,1%, contre les 2,4% qui avaient été prévus initialement.
Un programme de plus en plus critiqué
Depuis que les indicateurs économiques de la zone euro étaient revenus au vert, les critiques commençaient à se faire plus virulentes concernant la politique monétaire de la BCE, y compris au au sein de l’établissement lui-même. Les responsables des banques centrales d’Allemagne et d’autres pays d’Europe du Nord insistaient sur la nécessité d’un retour à la normale pour permettre à la BCE de conserver un outil pour faire face à une possible nouvelle crise.
“Bien que l’économie de la zone euro ait toujours besoin d’une politique monétaire favorable, les achats d’actifs commencent à faire plus de mal que de bien, à notre avis”, juge Karen Ward, stratège en chef chez JPMorgan Asset Management pour le Royaume-Uni et l’Europe.
A l’annonce de la nouvelle, l’euro a chuté de 1% par rapport au dollar à 1,1672 dollar, d’autant que les marchés financiers s’attendaient à ce que Draghi annonce un relèvement du taux d’intérêt sur les dépôts de la BCE, qui est actuellement fixé à -0,4%.