La Commission Européenne n’a de cesse de reprocher sa mauvaise gestion à l’Italie. Récemment, Jyrki Kataien, le vice-président de la Commission, a même accusé le Premier ministre italien Paolo Gentiloni d’avoir « menti à propos de l’état réel de l’économie italienne ». En effet, le déficit du pays a progressé de 1,6 %, alors que le gouvernement italien avait promis qu’il baisserait de 1 %. Mais en dépit de ses difficultés, l’Italie néglige les subventions européennes mises à sa disposition, note The Economist. L’Italie n’a réclamé que 1,2 % des subventions européennes qui lui ont été attribuées dans le cadre du budget du développement régional de la Commission pour la période 2014-2020, alors que cette dernière est déjà bien engagée.Seuls la Croatie, qui est encore novice, ainsi que l’Autriche et les Pays-Bas, des pays riches qui n’ont pas un besoin crucial de ces fonds, ont encore moins exploité cette manne que l’Italie. En moyenne, les États membres ont « consommé » 5,3 % des aides mises à leur disposition. Les Etats du Sud de l’Europe comme la Grèce et le Portugal, en revanche, ont déjà utilisé respectivement 6 % et 10,6 %.« Si les bureaucrates italiens avaient été aussi efficaces que leurs collègues portugais en soumettant des projets appropriés, ils auraient pompé un montant supplémentaire de 2,2 milliards d’euros dans leur économie au cours des quatre dernières années », déplore le magazine.
Le Mezzogiorno, la Sicile et la Sardaigne lésés
Une telle somme aurait pu bénéficier au Mezzogiorno,c’est-à-dire le Sud pauvre du pays, mais aussi à la Sicile et à la Sardaigne, des régions où le revenu par tête a chuté de 11,3% sur les 10 dernières années.The Economist affirme que plusieurs raisons expliquent la modération italienne à l’égard des subventions européennes. D’une part, la plupart des projets européens s’étalent sur une longue période, ce qui signifie que le montant total des fonds qui leur ont été alloués ne se découvre que graduellement, et que leur impact sur les chiffres actuels reste limité. De plus, une grande partie des programmes requièrent une participation du gouvernement national… Lequel est en déficit, et ne peut probablement pas financer cette participation.C’est d’autant plus regrettable, que le pays se prive ainsi d’une source de croissance qui pourrait contribuer à la résolution de ses difficultés. Vision, un think tank italien, a ainsi établi que si l’on avait injecté les 50 milliards d’euros (provenant du cumul des fonds européens et du complément versé par l’Italie) que le Mezzogiorno était en droit d’attendre, le revenu moyen de ses habitants aurait crû de 1,7 point de pourcentage de plus que celui des habitants du reste de l’Italie.