L’Inde a effectué des raids aériens mardi sur le territoire de l’ennemi juré Pakistan. Ils ont tué plus de 300 personnes dans un camp djihadiste. Il s’agit d’une escalade importante dans un conflit qui divise les deux pays depuis des décennies.
Le Pakistan qualifie cette attaque de « grave agression » et affirme depuis qu’il a tiré en l’air sur deux avions de combat indiens au-dessus de la partie du Cachemire administrée par le Pakistan. L’un des avions s’est écrasé dans la partie pakistanaise, l’autre dans la partie indienne.
Il s’agit de la confrontation militaire la plus grave entre les deux ennemis jurés depuis des décennies. Le Pakistan et l’Inde disposent tous deux de l’arme atomique.
Un puissant mélange de religion, d’histoire et de territoire
Le conflit frontalier qui oppose les deux pays depuis des décennies – qui prétendent obstinément que le Jammu-et-Cachemire leur appartient intégralement – a déjà coûté la vie à des centaines de milliers de personnes. Mais les hostilités cachent également un puissant mélange de religion, d’histoire et de territoire. L’Inde est devenue une obsession, surtout pour le Pakistan.
La tension entre les deux pays n’a fait qu’augmenter depuis le 14 février. Par la suite, un kamikaze a tué 40 paramilitaires au Cachemire. Il s’agissait de la plus grande attaque contre des troupes indiennes depuis l’arrivée au pouvoir du Premier ministre Narendra Modi. Selon New Delhi, l’attentat était l’œuvre de son pays voisin, en particulier du mouvement terroriste Jaish-e-Mohammed.
Modi a promis de riposter. Comme l’Inde ira aux urnes dans quelques mois, il n’a guère d’autre choix.
Mais mener des frappes aériennes sur un pays voisin est une escalade dramatique. Selon les analystes politiques, c’est à partir de la guerre Indo-Pakistanaise de 1971 que les avions de combat ont été signalés de l’autre côté de la frontière. L’Inde a ensuite occupé le Pakistan oriental, qui sera finalement libéré, pour être reconnu comme étant bangladeshi.
Le Pakistan : comme l’armée est puissante, le gouvernement est faible.
Le Premier ministre pakistanais Imran Khan demande à son armée et au peuple de se préparer à tout scénario. Personne ne sait quels sont ses plans.
L’appareil militaire pakistanais compte 550 000 hommes. Trop peu pour pouvoir égaler l’Inde (1,1 million d’hommes), mais trop pour un pays comme le Pakistan. L’appareil militaire absorbe 16 % du budget total ; à peine 1,6 % sont destinés à l’éducation. Comme l’armée est puissante, le gouvernement est faible.
« Les Balkans de la prochaine guerre mondiale »
Le conflit indo-pakistanais couve depuis des décennies. En 2011, l’ancien secrétaire d’État américain Henry Kissinger a déclaré ce qui suit :
« Une guerre Inde-Pakistan devient plus que probable. Par conséquent il faudrait une sorte de processus international qui permette d’examiner ces questions et qui fasse preuve de suffisamment de retenue pour que le Pakistan ne se sente pas encerclé par l’Inde et ne se mette pas à considérer les Talibans comme une réserve stratégique. Est-ce que c’est possible ? Je ne sais pas. Mais je sais que si nous laissons ces questions dériver, ce conflit deviendra les Balkans de la prochaine guerre mondiale. »