En Allemagne, pour la première fois depuis 20 ans, l’horloge de la dette, ou « Schuldenuhr », comme on l’appelle là-bas, évolue à rebours depuis cette semaine, rapporte le Financial Times. Depuis le 1er janvier, elle prend en compte les budgets fédéraux et nationaux pour cette année, et le total de la dette allemande qu’elle affiche diminue au rythme de 78 € par seconde. C’est la première fois que cet instrument indique une baisse de la dette nationale. La Schuldenuhr, qui consiste plutôt en un décompte (notre photo), est entretenue et mise à jour par la fédération des contribuables allemands (BdSt). Elle est installée à l’extérieur au siège social de cette association à Berlin, bien visible de la rue. Le calcul de la dette totale allemande qu’elle affiche n’est pas issue de la comptabilisation des dépenses réelles, mais plutôt des décisions budgétaires prises par les ministres des finances fédéraux et régionaux.Lorsqu’elle a été installée, en juin 1995, la dette par tête du pays se montait à 12 830 €. Aujourd’hui, elle atteint 23 827 € (soit 1973 milliards d’euros au total). Mais en 2009, au plus fort de la crise financière, la dette allemande progressait de plus de 4400 € par seconde.
Un excédent budgétaire
Mais suite à la cure d’austérité imposée par la chancelière allemande Angela Merkel, et son ministre des Finances d’alors, Wolfgang Schäuble, le budget public allemand et à l’équilibre depuis 2014. Et l’essor actuel de l’économie allemande signifie que le prochain gouvernement profitera d’un excédent budgétaire d’environ 30 milliards d’euros annuels au cours des 4 prochaines années. Désormais, le débat ne porte plus sur la réduction de la dette, mais sur les emplois possibles de cet excédent. Selon les uns, il faudrait augmenter les investissements publics ; pour les autres, il faudrait consentir des baisses d’impôts.Cependant, le président du BdSt, Reiner Holznagel, estime que ce débat est prématuré. « Tous ces beaux rapports à propos des excédents et des budgets équilibrés font croire aux citoyens que tout va bien sur le front de la dette. Mais ce n’est pas le cas. Nous ne satisfaisons même pas les critères de Maastricht », se lamente-t-il, en référence à l’objectif d’un niveau d’endettement inférieur à 60 % du PIB.Et en effet, il a de bonnes raisons d’être encore préoccupé par la dette allemande. Car au rythme de son érosion actuelle, il faudra encore 800 ans pour l’annuler totalement.