Facebook serait actuellement en train d’étudier les différents aspects d’une monnaie virtuelle qui permettrait aux utilisateurs de son application de messagerie WhatsApp de réaliser des transferts. Pour le moment, cette monnaie virtuelle n’en serait qu’au stade de l’étude stratégique.
Il s’agira probablement d’un « stablecoin », c’est à dire, une crypto-monnaie stable, afin de répondre à l’un des plus gros écueils des monnaies virtuelles : leur volatilité. Le principe consiste donc à l’indexer à une monnaie relativement stable, telle que le dollar. L’année dernière, on a recensé de nombreux projets de ce type, car grâce à sa stabilité, une telle monnaie apparaît plus commode à utiliser au quotidien. Mais seuls un petit nombre de ces projets verront réellement le jour.
Un projet de « stablecoin » qui n’en est qu’à ses balbutiements
En effet, les stablecoins ne sont pas classés comme des devises, mais comme des titres financiers, ce qui réduit le nombre des investisseurs potentiellement intéressés. Le stablecoin le plus prometteur à ce jour, Basis, n’a d’ailleurs pas survécu au delà de 8 mois.
Mais ce projet n’en serait qu’à ses prémices, selon les sources de Bloomberg, qui ont souhaité demeurer anonymes. Facebook n’en serait encore qu’à la phase de l’élaboration de la stratégie, et plancherait sur le dépôt des avoirs, et sur les réserves en monnaies conventionnelles qui seraient détenues pour assurer la relative stabilité de cette monnaie.
Un sésame pour conquérir un marché énorme : l’Inde
Avec ses 2,5 milliards d’utilisateurs, son chiffre d’affaires de 40 milliards de dollars, et une grande expérience pour exploiter les lacunes des législations des pays où il opère, ou en contourner les écueils, Facebook apparaît de prime abord plus qualifié et mieux armé pour se lancer dans un tel projet.
Le plus gros réseau social du monde lorgne aussi du côté de l’Inde, le second pays la plus peuplé du monde, l’une des plus fortes croissances. On recense déjà 480 millions d’utilisateurs d’internet sur ce marché, un chiffre qui devrait grimper à 737 millions d’ici 2022. L’application de messagerie WhatsApp, que Facebook a rachetée en 2014 pour 19 milliards de dollars, est particulièrement prisée en dans ce pays, où elle compte plus de 200 millions d’utilisateurs. Or, ce pays est aussi l’un des pays où les transferts d’argent sont les plus populaires : en 2017, les Indiens à l’étranger auraient envoyé l’équivalent de 69 milliards de dollars au pays, selon les données de la Banque Mondiale.
Toutefois, les appétits des géants technologiques américains n’enchantent pas vraiment les autorités indiennes, qui souhaiteraient donner la priorité aux entreprises locales. Au mois d’août de cette année, le gouvernement du Premier ministre Narendra Modi a planché sur une série de mesures visant à entraver leurs activités sur le sol indien. La plus emblématique de ces mesures prévoit d’obliger les entreprises de l’Internet de conserver les données des utilisateurs indiens sur le sol national. Les entreprises étrangères désireuses d’opérer en Inde seraient ainsi obligées de passer par des partenaires locaux pour le contrôle des données personnelles des utilisateurs, à l’image de ce qui est pratiqué en Chine.
Si Facebook parvient à concrétiser ce projet de stablecoin, elle serait la première grande firme technologique à lancer une monnaie virtuelle, et celle-ci pourrait la doter d’un précieux sésame pour gagner des parts de marché dans le marché décisif qu’est l’Inde.