En Suède, un nombre croissant de citoyens se battent pour sauver l’argent liquide

Alors que l’usage de l’argent liquide est en voie d’extinctionen Suède, une partie de la population commence à se rebeller contre cettedisparition.

Au début de cette décennie, on utilisait encore l’argentliquide dans 40 % des transactions en Suède. Cette part avait chuté àenviron 15 % il y a 2 ans. Et selon certains analystes, l’usage des espècespourrait tomber à moins de10 % cette année.

Unsondage d’opinion réalisé ce mois-ci révèle que 10 % des Suédois veulentconserver la possibilité d’utiliser les espèces ; cependant, 25 % d’entre euxne veut plus en entendre parler.

« Si vous contrôlez les serveurs de Visa ou MasterCard, vous contrôlez la Suède »

Mais un nombre grandissant de Suédois, inquiets de cetteévolution, tentent de mener le combat poursauver l’usage de l’argent liquide. Pour Christian Engström, unancien député du Parti Pirate, un parti qui s’est fait connaître en Suède parson opposition à l’État et à la surveillance du secteur privé, une société sansargent liquide est inquiétante, car elle permet au gouvernement de mieux suivreles activités des citoyens, autrement dit, de les surveiller. « Si vouscontrôlez les serveurs qui appartiennent à Visa ou MasterCard, vous contrôlezla Suède. (…) D’un autre côté, nous devrons donner notre argent à des banques,et espérer qu’elles ne tombent pas en faillite, et qu’elles ne fassent pas n’importequoi ».

Les systèmes de paiement au même niveau que la défense ou la justice

Stefan Ingves, legouverneur de la Riksbank, la banque centrale suédoise, s’inquiète aussi d’unesituation dans laquelle tous les paiements seraient contrôlés par des banquesdu secteur privé. Le mois dernier,il a appelé à légiférer pour développer le contrôle sur les systèmes depaiement, qu’il met au même niveau que les autres services de « bien public » comme la défense, la justice, ou les statistiques publiques. « La plupart descitoyens ne seraient pas à l’aise s’ils devaient céder ces fonctions sociales àdes entreprises privées », observe-t-il. « Il devrait être évident que l’étatde préparation de la Suède serait affaibli si, lors d’une crise grave ou d’uneguerre, nous n’avions pas décidé à l’avance combien les ménages et lesentreprises devraient payer pour le carburant, les produits de base et d’autresnécessités ».

Les banques vulnérables en cas de guerre

Björn Eriksson, unancien commissaire de police de 72 ans qui dirige un groupe appelé Kontantupproret(rébellion de l’argent liquide), estime aussi que les Suédois font bien tropconfiance aux banques. « C’est une question politique. Nous laissons 4 grandesbanques qui forment un monopole en Suède prendre ces décisions ».

Il souligneque les systèmes de paiement privés sont vulnérables en cas de guerre : « SiPoutine envahit Gotland [la plus grande île suédoise], il lui suffira dedésactiver le système de paiement. Aucun autre pays ne voudrait même pas songerà prendre ce type de risque, il demanderait un type de système analogique ».

Les pirates toujours plus forts

Enfin, MattiasSkarec, un consultant en sécurité numérique de 29 ans, souligne lavulnérabilité de la technologie. Il affirme que les pirates ont déjà appris àcontourner les mesures de sécurité des systèmes pour dérober de larges sommes d’argent.Cet apprentissage va se poursuivre, et ils seront de plus en plus compétentspour les attaquer. Selon Per Ekwall, le porte-parole de Swish, un système depaiement mobile, les systèmes de paiement numérique ne sont pas plusvulnérables que les autres formes de paiement… dont les espèces.

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