La décision du président américain Trump de retirer les troupes d’élite américaines de la zone frontalière syro-turque menace de renforcer l’emprise du mouvement terroriste État islamique sur la région.
« L’attaque turque contre les organisations terroristes PKK, YPG et l’Etat islamique dans le nord de la Syrie a commencé », écrit le président turc Recep Tayyip Erdogan sur Twitter. Les troupes turques ont franchi la frontière avec la Syrie mercredi. La Turquie veut repousser les Kurdes à la frontière et créer une zone tampon d’environ 32 kilomètres. Selon Erdogan, elle apportera la paix dans la région.
Mais cette région regorge de partisans de l’Etat islamique (EI). Il y a 5 ans, cette organisation terroriste contrôlait une zone aussi vaste que la Grande-Bretagne dans certaines parties de la Syrie et de l’Irak. Ils y contrôlaient 12 millions de personnes.
Les Kurdes ont joué un rôle de premier plan dans la bataille et la victoire finale contre l’EI. En retirant ses troupes de la région, Trump donne maintenant le feu vert à la Turquie pour expulser les Kurdes. Les avions de combat turcs ont lancé une offensive aérienne mercredi. Les Kurdes ont une histoire difficile avec le gouvernement turc. Ankara veut empêcher à tout prix le nord de la Syrie de former un Kurdistan syrien. Ce dernier finirait par attirer les Kurdes turcs.
12 000 combattants emprisonnés et 18 000 combattants de l’EI vivant en liberté
Selon l’ancien directeur de la CIA, Michael Morell, la décision de Trump « menace dé déclencher le nettoyage ethnique de nos alliés kurdes, elle un nouvel élan à l’État islamique et fait ainsi un cadeau à la Russie, à l’Iran et à la Chine ».
La décision de Trump peut avoir des conséquences majeures pour des milliers de sympathisants de l’EI dans la région. Selon le Times of London, au moins 12 000 personnes incarcérées dans sept prisons du nord-est de la Syrie sont soupçonnées d’appartenir à l’État islamique. La plupart d’entre elles sont des Syriens et des Iraquiens, mais 4 000 sont des étrangers originaires de 50 pays différents, dont environ 55 adultes belges et 70 enfants.
L’emplacement exact des prisons est inconnu, mais certaines d’entre elles se trouvent près de la frontière turque. Ensuite, il y a 3 camps de réfugiés ‘fermés’ qui hébergent plus de 100 000 femmes et enfants, mais aussi des combattants de l’EI. Ils ont fui la zone contrôlée par l’EI, mais beaucoup d’entre eux sont radicalisés. Certains ont commis des crimes horribles, écrit le même journal.
Les Forces démocratiques syriennes (SDF), contrôlées par les Kurdes, surveillent ces prisons. Mais ce groupe dit qu’il est impossible de continuer à accomplir cette tâche à plus long terme. Il a déjà annoncé que la surveillance des prisons n’était plus une priorité maintenant que l’offensive turque est imminente.
En août, le New York Times signalait qu’environ 18 000 combattants de l’EI erraient toujours librement en Syrie et en Irak. Ils subsistent grâce à une tirelire de 400 millions de dollars volée et cachée par l’EI.
Selon le Centre international d’études de la radicalisation (ICSR), plus de 41 000 personnes de 80 pays différents ont des liens avec l’État islamique.