Une nouvelle étude présente une image très inquiétante de la nature : les ¾ des insectes volants auraient disparu au cours des 3 dernières décennies des espaces naturels allemands. Cette baisse est d’une ampleur bien plus grande que celle à laquelle les scientifiques s’attendaient. C’est une énorme tragédie, car sans insectes, la vie sur terre n’est pas possible. Ces dernières années, on s’est rendu compte que certaines espèces d’insectes volants, comme les abeilles et les papillons, devenaient de moins en moins communes en Europe de l’Ouest et en Amérique du Nord.Les insectes sont très importants pour l’écosystème. Ils assurent la pollinisation, mais ils constituent aussi la principale source de nourriture pour de nombreux oiseaux et mammifères. Si les ¾ d’entre disparaissent, cela aura un impact énorme sur l’écosystème et en fin de compte, sur nous-mêmes. Mais bien souvent, nous négligeons l’importance des insectes, parce que nous les considérons ennuyeux. Ils sont trop petits pour susciter la même compassion que nous avons pour les tigres ou les ours polaires. Mais la réalité est que l’humanité pourrait poursuivre sa route sans les tigres et les ours polaires, mais qu’elle ne peut pas le faire sans les insectes.
« Cela ne s’arrête pas à la frontière »
Depuis 1989, des entomologistes allemands (c’est-à-dire des experts des insectes) recensent minutieusement le nombre d’insectes qui volent autour de 63 aires protégées à différents moments de l’année. Ils le font en capturant ces insectes dans des pièges, puis ils pèsent la biomasse ainsi recueillie.La Radboud Universiteit a analysé ces données, et conclu que le poids total moyen a diminué de 76 % en 27 ans. En été, lorsque le nombre d’insectes atteint son apogée, ils ont même démontré une diminution de 82 %.Ainsi, la réduction du nombre d’insectes dans la nature allemande est beaucoup plus grande que prévu. « Mais ce qui est une découverte encore plus alarmante, c’est que nous assistions à un si grand déclin des variétés d’insectes volants sur une zone aussi étendue » affirme le directeur de projet Hans de Kroon.Les milieux naturels où les Allemands ont effectué ces mesures sont très semblables à de nombreuses régions naturelles de notre pays. Ce sont des parcelles relativement petites, bordées de champs cultivés. « cela ne s’arrête pas à la frontière, bien sûr » dit de Kroon. « Je pense que ce que nous constatons ici en Allemagne, se produit également dans d’autres parties de l’Europe. »
Mais pourquoi ont-ils disparu ?
Pourquoi les insectes disparaissent-ils ? Cette étude ne permet pas vraiment de répondre à cette question. Il faut écarter le changement climatique comme une cause possible : l’élévation de la température d’environ ½ degré depuis les années 80 aurait dû aboutir à la constatation d’une hausse du nombre des insectes dans les recensements suivants.De même, on ne peut pas invoquer la gestion des réserves naturelles des zones étudiées en Allemagne. Celles-ci sont très bien gérées, et les chercheurs sont donc déconcertés par la disparition des insectes.Il ne reste plus comme facteur que la taille relativement petite des zones étudiées et le fait qu’elles soient situées au centre d’un paysage agricole. De ce fait, l’influence de l’expansion de l’agriculture et de l’utilisation de pesticides sont des facteurs qui ont certainement joué un rôle dans ce déclin. Nous savons aussi que les oiseaux insectivores disparaissent également dans les endroits où les neonicotinoïdes, un certain groupe d’insecticides, sont largement utilisés. Mais les chercheurs restent prudents et refusent d’attribuer spécifiquement le déclin des insectes à l’utilisation de certains insecticides.