Le groupement économique des BRICS, qui rassemble les grands pays en voie de développement (le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud), planche actuellement sur le « BRICS Pay », un système de paiement commun. Son objectif est de simplifier les paiements de produits de détail et les transactions financières de n’importe lequel des cinq pays membres.
Le » BRICS Pay » pourrait prendre la forme d’un portefeuille numérique pour les achats au détail et les transferts d’argent, géré à partir d’une application mobile. Cette application comporterait beaucoup de similitudes avec d’autres systèmes de paiement populaires tels qu’Apple Pay ou Samsung Pay, indique le média russe Izvestia qui a rapporté cette information.
Une plateforme cloud pour relier les 5 systèmes financiers
Cette application permettra de relier les cartes de paiement des utilisateurs résidant dans l’un des 5 pays membres. Ils pourront régler les transactions réalisées dans les autres BRICS. Un projet pilote devrait être lancé en Afrique du Sud au mois d’avril.
La création de ce système de paiement devrait également être accompagnée de la mise en place d’une plateforme cloud spécifique pour relier les systèmes de paiement des 5 Etats membres. Ainsi, plutôt que de dupliquer leurs systèmes de paiement respectifs, les 5 pays les connecteront sur cette plateforme. Les utilisateurs de BRICS Pay pourront donc effectuer leurs achats dans un autre pays membre directement dans la devise de leur pays, sans avoir à se soucier de la conversion. Un Sud-Africain effectuant des achats en Chine pourra donc payer cette transaction dans sa propre monnaie, le rand.
Avec cette mesure, les BRICS comptent franchir une étape décisive vers la dédollarisation. Ils espèrent qu’à terme, le BRICS Pay se substituera aux classiques cartes de paiement internationales Visa et Mastercard.
La suprématie du dollar est intacte…
La suprématie du dollar est en effet intacte. Outre son statut de monnaie de réserve mondiale, qui implique qu’il est employé dans 60 % des réserves en devises contre 20 % pour l’euro et 1,4 % pour le yuan chinois, il est aussi le moyen de paiement privilégié dans le commerce international.
Par exemple, le dollar n’est pas seulement la monnaie des marchés de matières premières, il est également la monnaie de la plupart des économies émergentes. La Turquie, par exemple, règle 60 % de ses importations en dollars américains, alors qu’à peine 7 % de ces importations proviennent effectivement des États-Unis. De plus, la part du dollar dans les échanges que la Corée du Sud, le Canada, le Japon et l’Australie ont en bourse est supérieure à 80 %.
Mais depuis son accession au pouvoir, le président américain Donald Trump a durci les sanctions économiques à l’égard de plusieurs pays, dont la Russie. Il a ainsi démontré qu’il comptait utiliser le dollar comme une arme.
…Mais cela ne durera probablement pas
Depuis, différents pays, dont la Chine, la Russie, le Venezuela et même l’Union européenne, ont pris des mesures pour s’affranchir de la dépendance à l’égard du dollar dans les transactions internationales.
La Russie a par exemple revendu une grande partie de ses réserves en dollars pour acheter de l’or. Avec les autres États membres de l’Union économique eurasienne (EAEU) (l’Arménie, la Bielorussie, le Kazakhstan et le Kirghizstan), elle projette de créer une monnaie virtuelle commune en 2020 ou 2021. De même, cette union économique travaille pour développer son intégration. Enfin, l’année dernière, le ministre des Finances russe, Anton Siluanov, a suggéré que la Russie pourrait abandonner le dollar comme devise pour ses paiements internationaux, et lui substituer l’euro.
De son côté, la Chine a déjà manifesté qu’elle souhaitait développer l’usage du yuan dans les transactions internationales. Depuis plusieurs années, le pays conclut des accords avec ses partenaires commerciaux pour effectuer les paiements de ses échanges bilatéraux en yuan. Selon certains experts, le yuan pourrait supplanter le dollar comme monnaie de référence internationale dans quelques années.