Le Brexit pose aussi une menace pour les paradis fiscaux britanniques que sont Jersey, Guernesey et l’île de Man, note Le Temps. Le départ de la Grande-Bretagne de l’UE sera en effet un revers pour ces îles qui n’auront plus personne pour défendre leur statut au sein de l’Union européenne. Certains représentants du secteur de la Finance à Jersey redoutent que des pays comme la France ou l’Allemagne fassent pression pour introduire de nouvelles règlementations visant à améliorer la transparence, ou à remettre en cause le statut de pays tiers des îles anglo-normandes ou de l’île de Man, qui leur confère une certaine indépendance vis-à-vis de l’Union.Contrairement à Gibraltar, les îles Anglo-normandes ne font pas partie de l’Union européenne, mais elles disposent d’un statut de partenaire privilégié. Les îles, reconnues comme étant des paradis fiscaux, ont fait de la finance et du secret bancaire leur plus grande source de revenus, notamment au travers des « trusts », des structures financières utilisées comme sociétés écrans, et dont le bénéficiaire demeure anonyme.
Une nouvelle Singapour ?
Pour John Christensen, président du Tax Justice Network, qui a lui-même vécu à Jersey pendant sa jeunesse, le départ de la Grande-Bretagne de l’UE est une grande menace. Sur la plus grande des îles anglo-normandes, certains redoutent que l’UE impose la création d’un registre des trusts, qui obligerait à révéler le nom de leur détenteur.Geoff Cook, directeur général de Jersey Finance, souligne que les normes de transparence que l’île respecte dépassent celles qui lui sont imposées par l’Union européenne, et il estime donc qu’il n’y a donc pas de raison de penser que la situation puisse changer.Pour Richard Hay, consultant au sein du cabinet d’avocats Stikeman Elliott, le brexit pourrait même offrir de nouvelles opportunités pour les îles de la Manche. En effet, comme la Grande-Bretagne ne sera plus astreinte aux contraintes liées au respect des règles de l’Union européenne, elle pourra chercher à se rapprocher des îles anglo-normandes, et pourquoi pas, en faire une place financière déportée sur le modèle de Singapour.