Au Brésil, être séduisant est un droit humain, et en application de ce droit, tout le monde doit avoir accès à la chirurgie esthétique. En conséquence, l’État prend en charge les frais de chirurgie plastique pour les personnes les plus modestes.
Cela explique pourquoi le Brésil est le second pays où l’on enregistre le plus d’interventions esthétiques, derrière les États-Unis. Chaque année, on y pratique 500 000 opérations de chirurgie plastique, rappelle Slate.
Ivo Pitanguy, le « pape de la chirurgie esthétique »
La société brésilienne a acquis ce droit dans les années 50, lorsqu’un éminent chirurgien brésilien, Ivo Pitanguy, a rédigé une thèse expliquant que les personnes disgracieuses étaient exposées à une souffrance psychologique. En réponse, il sollicitait donc l’instauration d’un « droit à la beauté ». Son appel a trouvé un écho, dans un pays où la beauté est un critère déterminant pour accéder à la réussite sociale et professionnelle, en particulier pour les femmes.
En effet, dans les années 1920, une idéologie eugéniste a vulgarisé la notion selon laquelle l’apparence physique donnerait « une mesure du progrès racial d’une nation ». C’est à ce moment-là qu’est apparu le culte pour les normes de beauté du type caucasien, qui a éclipsé les autres couleurs de peau. « La beauté est un facteur déterminant sur le marché de l’emploi, pour trouver un ou une conjointe, et pour se faire une place dans la haute société », explique Alvaro Jarrín, un anthropologue auteur de The Biopolitics of Beauty – Cosmetic Citizenship and Affective Capital in Brazil.
« Si c’est gratuit, c’est que c’est vous, le produit »
En 1960, Ivo Pitanguy avait ouvert une première clinique dans laquelle il opérait gratuitement les personnes les plus démunies. En pratique, cet établissement servait surtout à pourvoir des sujets qui devaient servir de cobayes afin de former des apprentis chirurgiens.
Cette pratique s’est perpétuée, et encore aujourd’hui, les patients les plus modestes sont souvent opérés gratuitement par des chirurgiens débutants. Ainsi, les chirurgiens brésiliens, très réputés dans le monde, ont souvent gagné leur expertise en menant des expériences sur des personnes modestes. Les opérations sont gratuites, mais les patients payent parfois le prix fort pour les erreurs de débutant ou la créativité débordante du praticien…
La Corée du Sud, une autre grande adepte de la chirurgie esthétique
Un autre pays se distingue pour son goût pour la chirurgie esthétique: la Corée du Sud. Presque 20% des Sud-Coréens ont recouru à la chirurgie plastique dans l’espoir d’améliorer leur apparence physique. À Séoul, on recense plus de 2000 chirurgiens plastiques spécialisés, et le secteur rapporte 4,4 milliards d’euros par an.
Certaines interventions se sont tellement banalisées qu’elles ne sont plus considérées comme de la chirurgie plastique. C’est le cas de la blépharoplastie, une opération qui vise à créer un pli double sur la paupière pour que l’œil paraisse plus grand.
Là encore, le culte de la beauté a des origines culturelles: en Corée du Sud, le collectif l’emporte sur l’individuel, et l’identité des Sud-Coréens est définie par la société. Si celle-ci impose une norme de beauté, il incombe à chacun de modeler son apparence pour s’y conformer.