Le parti d’extrême droite allemand Alternative für Deutschland (AfD) se lance dans la lutte contre le mouvement climatique. Sur le plan politique, ce n’est pas anodin, car de nombreux Allemands ont des positions très défensives en ce qui concerne le débat sur le climat.
L’AfD est avant tout un parti anti-euro et anti-immigration, mais il s’attaque maintenant à une nouvelle proie politique : le mouvement climatique. Au cours des derniers jours, cinq vidéos sont apparues sur le site Web du parti, dans lesquelles on se moque, enttre autres, de l’énergie éolienne et solaire. Dans une autre vidéo intitulée « Le meurtre de la voiture diesel » – des Allemands ordinaires vantent les mérites du diesel.
L’AfD a un passé tumultueux
L’AfD a un passé tumultueux. Le parti prônait autrefois une sortie allemande de la zone euro et un retour au D-mark. Dans sa déclaration fondatrice, l’AfD affirme que « la politique actuelle de l’UE plonge l’Europe dans la pauvreté et la misère et que l’euro est une expérience monétaire ratée qu’il faut abandonner dès que possible ». Mais le noyau modéré du parti a rapidement été mis à l’écart par des éléments plus extrêmes. En 2015, les deux fondateurs, Hans-Olaf Henkel et Bernd Lucke, ont quitté le parti, mécontents des « schémas de pensée islamophobes, xénophobes, anti-occidentaux et pro-russes » qui y étaient devenus la norme.
L’AfD est depuis devenu le plus grand groupe d’opposition du Bundestag. Le parti compte quatre-vingt-onze membres au Parlement allemand. Mais il a également fait l’objet de vives critiques en raison des commentaires racistes, antisémites, homophobes et sexistes de ses membres. Alternative für Deutschland a régulièrement promu l’idée d’un peuple ethniquement et biologiquement homogène menacé par l’immigration.
Politiquement, c’est une histoire importante
En plus de l’euro et de l’immigration, l’AfD a maintenant trouvé un nouveau cheval de bataille politique : le mouvement climatique. Politiquement, ce n’est pas anodin. Le secteur automobile allemand génère 14 % du PIB allemand et emploie directement 800 000 personnes. Des centaines de milliers d’autres sont indirectement actifs dans le secteur de l’automobile. Mais cette industrie subit des pressions extrêmes depuis un certain temps. Il y a le scandale du diesel, l’interdiction du diesel dans un certain nombre de villes et les exigences strictes en matière climatique. L’explosion des ventes sur le marché automobile chinois semble également appartenir au passé. Enfin, le secteur des voitures électriques accuse un retard préoccupant. Certains pensent que la voiture électrique est pour l’Allemagne ce que le Brexit signifiera pour l’Angleterre.
La possession la plus précieuse d’un Allemand est généralement sa voiture
L’actif le plus précieux d’une famille allemande est généralement sa voiture, car nulle part en Europe les gens n’investissent moins dans l’immobilier qu’en Allemagne. Le diesel, une technologie qui a été inventée sur le sol allemand, reste donc particulièrement important pour l’économie du pays. Quiconque touche au diesel fait également mal au monsieur Tout le monde allemand.
De plus, les Allemands ne sont pas suffisamment préparés aux changements nécessaires pour atteindre les objectifs climatiques. Beaucoup d’Allemands ne s’en soucient guère et sont très défensifs lorsqu’il s’agit du débat sur le climat. Depuis des mois, une histoire circule en Allemagne selon laquelle les voitures électriques auraient une empreinte CO2 plus importante que les voitures diesel.
L’AfD va maintenant essayer d’exploiter le changement climatique. Non pas en le niant, mais en niant sa cause, et en particulier le rôle des émissions de CO2. Aujourd’hui, personne d’autre que l’AfD ne peut se permettre de poursuivre une stratégie agressive pro-diesel. La chance que le parti en tire un profit politique n’est donc pas négligeable.