Un tribunal de Moscou vient d’épingler la compagnie aérienne russe Aeroflot en raison de discrimination qu’elle aurait pratiquée à l’égard de certaines de ses hôtesses de l’air. Yevgeniya Magurina et Irina Ieursalimskaya, 2 hôtesses de l’air, ont assigné Aeroflot, parce qu’elles affirment qu’elles ont été pesées l’année dernière, et que l’on a expliqué à celles dont la taille de l’uniforme dépassait le 48 qu’elles ne travailleraient plus sur les vols internationaux les plus lucratifs, comme ceux qui ont les États-Unis ou la République Dominicaine comme destination. Enfin, l’une d’elle a vu ses primes supprimées, vraisemblablement parce qu’elle avait réclamé un uniforme de taille 52.Au terme d’un premier jugement, la compagnie a obtenu gain de cause. Elle a en effet expliqué qu’un personnel en surcharge pondérale pourrait bloquer les issues de secours en cas d’urgence, et qu’il lui coûtait chaque année près de 10 € de plus par kilo excédentaire en surcoût de carburant. En coulisses cependant, 2 cadres d’Aeroflot ont expliqué que ces restrictions avaient bien plus à voir avec les goûts des passagers, qui préféraient les hôtesses de l’air plus minces.Cette semaine, cependant, une cour d’appel est revenue sur cette décision, et a interdit à Aeroflot de pratiquer une discrimination sur la base de la corpulence de son personnel.
Une rare victoire pour les femmes en Russie
Pour les défenseurs des droits de l’homme en Russie, il s’agit d’une petite victoire qui a tout de même son importance. Un rapport mondial datant de 2015 a montré que la Russie était l’un des pays où les discriminations à l’égard des femmes sont les plus nombreuses. En particulier, elles ne peuvent exercer 456 professions déclarées « dangereuses », dont celle de conducteur de métro, par exemple. En février de cette année, le président Poutine a dépénalisé les « violences domestiques modérées ».Selon Vasily Koltash, un analyste des affaires sociales, cette décision de justice n’est que le reflet de la pression que les médias occidentaux ont mise sur la cour. « Il n’y a pas de discrimination en Russie. Le pays a été soumis à une profonde émancipation à l’époque soviétique », dit-il.
Une réputation de compagnie irréprochable… assez récente
Ce cas écorne la réputation de compagnie aérienne irréprochable qu’Aeroflot s’était donnée beaucoup de peine à se tailler au cours des dernières années. Pendant des décennies, elle avait en effet été connue pour ses tristes résultats en matière de sécurité, les repas peu appétissants servis à bord de ses avions, et l’amabilité discutable de son personnel de bord.En 1994, l’un de ses avions s’était écrasé, causant la mort des 75 passagers à bord, parce que le pilote avait laissé son fils aux commandes de l’appareil. Une dizaine d’années plus tard, de membres d’équipage en état d’ébriété ont été impliqués dans une bagarre avec les passagers.Néanmoins, la compagnie compte bien tirer les leçons de ses récents démêlés judiciaires, et a promis de revoir son règlement intérieur.