La nomophobie, mot-valise construit par contraction de l’expression anglaise « no mobile-phone phobia », est la peur excessive d’être séparé de son téléphone mobile ou que ce dernier soit à court de batterie. Ce syndrome provoque de l’anxiété, de l’agressivité, des problèmes de concentration et du stress chez l’utilisateur.
Pour lutter contre les collisions entre piétons qui ont les yeux rivés sur leur smartphone, Anvers, s’inspirant du modèle chinois et américain, a installé une « Text walking lane », à savoir une piste piétonne spécialement réservée aux utilisateurs de smartphone atteints de nomophobie.
Dans la sphère professionnelle, la communication numérique est également omniprésente et modifient les us et coutumes. En outre, les différents dispositifs sont maintenant utilisés par une majorité d’employés (92% selon une étude de 2013 de la FGTB) pour la réalisation de leur travail. Ce changement radical a également sa contrepartie : 70% des sondés déclarent que l’utilisation du téléphone intelligent génère du stress et de l’anxiété au sein et en-dehors de la sphère professionnelle. Un autre concept est celui du « cadrus interruptus » selon lequel les employés voient leur travail perturbés toutes les trois minutes par une notification issue d’une plateforme internet ou d’une messagerie, explique L’Echo.
Ce phénomène de dépendances technologiques est loin d’être pris à la légère. Le fait de considérer l’emploi excessif d’Internet et du smartphone comme une maladie engendre une certaine pathologisation des comportements, explique dans L’Echo, Joël Billieux, professeur de psychologie clinique à l’UCL. Cependant, il s’agit d’un phénomène qui est en augmentation et qui est pris au sérieux par l’OMS. En Asie, ces pathologies sont envisagées sur le même plan que l’alcoolisme. En Belgique, plusieurs institutions commencent à s’y intéresser et nombreuses sont les personnes qui cherchent à être prises en charge pour ce type de trouble comportemental numérique. A Bruxelles, les Cliniques universitaires de Saint-Luc s’apprêtent d’ailleurs à mettre sur pied un service spécifique pour ces pathologies d’un nouveau genre.
Par ailleurs, ces nouvelles maladies de l’être numérique font que l’on voit apparaître une kyrielle de nouvelles fonctions et de nouveaux services tels que des analystes, des coaches, des hôtels de repos pour personnes dépendantes ainsi que des aides-soignants. Des applications pour lutter contre la dépendance technologique sont développées et des groupes de parole et des camps de désintoxication digitale, inspirés des « Digital Detox Camps » californiens où les personnes abandonnent toute technologie pour s’adonner à des sessions de méditation et de relaxation, voient peu à peu le jour.
Dans notre pays, la désintoxication numérique n’est pas encore une pratique très répandue mais en France, des établissements hôteliers, comme le Vichy Spa Hôtel, proposent déjà des séjours lors desquels tout usage technologique est proscrit et où les patients bénéficient de séances de relaxation physique. Le monde de l’entreprise s’organise aussi face à la hausse de ces pathologies digitales grâce à plusieurs initiatives telles la « Journée sans mail », la restriction d’accès aux services de messagerie durant certains horaires ou encore les coupures d’énergie pour obliger les employés à rentrer chez eux en soirée.