La justice belge sous pression face à la violence liée au trafic de drogue et à la surpopulation carcérale


Principaux renseignements

  • Le système judiciaire belge est confronté à des défis considérables liés à la violence liée à la drogue en raison du sous-financement, de la surpopulation et de l’inefficacité des procédures.
  • Les problèmes de capacité et le manque de ressources favorisent l’impunité des criminels.
  • La forte surpopulation des prisons belges exacerbe ces problèmes, sapant la confiance du public dans le système judiciaire et faisant craindre que la Belgique ne devienne un « narco-État ».

Le système judiciaire belge a du mal à faire face à une vague croissante de violence liée à la drogue. Les tribunaux surchargés et les prisons surpeuplées entravent les efforts déployés pour lutter efficacement contre les puissants réseaux de trafiquants de drogue.

Sous-financement et impunité

Les experts et les fonctionnaires soulignent le sous-financement chronique et les problèmes structurels de longue date au sein du système judiciaire. Ces facteurs contribuent à un sentiment croissant d’impunité chez les criminels. La ministre de la Justice Annelies Verlinden (CD&V) a proposé d’injecter 1 milliard d’euros dans le système, l’argent devant être réparti à parts égales entre les activités quotidiennes et les améliorations des infrastructures. Son plan prévoit des peines plus sévères pour les barons de la drogue, des tests de dépistage obligatoires dans les prisons et des mesures obligeant les détenus fortunés à contribuer financièrement à leur incarcération.

La proposition du ministre de l’Intérieur Bernard Quintin (MR) de déployer l’armée dans les grandes villes pour lutter contre l’escalade de la violence a suscité la controverse. La menace du crime organisé est palpable : l’ancien ministre de la Justice, Vincent Van Quickenborne (Open VLD), a dû se cacher en raison de menaces de mort proférées par des réseaux criminels.

Surpopulation

Au-delà des implications en matière de sécurité, les prisons belges sont gravement surpeuplées. Plus de 2 500 personnes condamnées attendent d’être placées en prison ou sont placées sous surveillance électronique. Les données fournies par les syndicats du personnel pénitentiaire révèlent que près de 500 détenus dorment à même le sol dans diverses prisons, ce qui met en évidence un problème particulièrement aigu en Flandre. Malgré des dépenses publiques pour l’application de la loi comparables à celles des pays voisins, les tribunaux et les prisons belges peinent à produire des résultats efficaces.

Depuis des années, des appels à des réformes structurelles et à une meilleure gestion se font entendre, mais aucune avancée concrète n’est à signaler. La confiance des citoyens diminue. Selon le cinquième Baromètre de la justice, moins de la moitié de la population a confiance dans la justice. Cette méfiance est la plus forte parmi la classe ouvrière.

Risques d’un narco-État

Cette préoccupation est également présente au sein même de la justice. Un magistrat qui enquêtait sur le crime organisé à Anvers a récemment averti que la Belgique risquait de devenir un « narco-État », caractérisé par des économies illégales, la corruption et une violence généralisée.

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