La CEO de Guberna : « Nous voyons de plus en plus d’activisme parmi les petits investisseurs belges »

Les petits investisseurs sont de plus en plus nombreux à entrer sur le marché boursier. Beaucoup achètent des actions parce qu’ils ont confiance dans les performances financières de la société cotée. Mais une entreprise ne se résume pas à ses comptes. « La bonne gouvernance est tout aussi importante », déclare Sandra Gobert, directrice de Guberna, l’institut des administrateurs qui a fêté son 30e anniversaire cette année. « Nous constatons que de plus en plus d’individus prêtent attention à la bonne gouvernance


2025 touche à sa fin. C’est pourquoi, à BusinessAM, nous nous tournons vers la nouvelle année avec des experts du monde de la finance et de l’économie au cours des dernières semaines de 2025. Jusqu’à la fin de l’année, nous publierons une interview chaque lundi.

Pour notre deuxième entretien, nous nous sommes entretenus avec Sandra Gobert, la CEO de Guberna, au sujet, entre autres, de l’activisme accru des investisseurs individuels.

Lisez également l’interview précédente de cette série : Le stratège en chef de Nagelmackers : « Il est loin d’être certain que la bulle de l’IA éclatera en 2026 »


Pour les particuliers, il est de plus en plus facile de négocier des actions. Grâce aux applications mobiles, ils peuvent acheter ou vendre des titres en quelques clics. Ce que beaucoup oublient, c’est qu’en tant qu’actionnaire, vous possédez une partie de l’entreprise et pouvez donc imprimer votre marque sur sa politique. « Nous constatons que de plus en plus d’investisseurs individuels en sont conscients et que l’activisme est en hausse parmi eux », explique Gobert. « Les investisseurs peuvent suivre l’évolution d’une entreprise en consultant son rapport annuel et en suivant de près l’actualité, entre autres. Sur le site de la Guberna, vous pouvez d’ailleurs consulter les entreprises qui collaborent avec notre asbl ». Vous y trouverez notamment l’entreprise de télécommunications Proximus et le spécialiste de l’automobile D’Ieteren.

En tant qu’investisseur, vous pouvez d’ailleurs faire entendre votre voix lors de l’assemblée générale. Gobert conseille de bien préparer vos questions et éventuellement de les communiquer à l’avance au conseil d’administration. « Ils pourront ainsi préparer leurs réponses. Posez des questions ciblées. Après tout, vous n’êtes pas censé prendre en otage une telle réunion en posant une question après l’autre », ajoute-t-il.

Des lignes directrices concrètes pour une bonne gouvernance

En Belgique, il existe en outre des lignes directrices concrètes en matière de bonne gouvernance, rassemblées dans le Code 2020. Toutefois, la dirigeante de la Guberna constate que de nombreux conseils d’administration interprètent ces lignes directrices comme des règles strictes. Il en résulte souvent un exercice consistant à cocher des cases. Résultat ? Les actionnaires reçoivent des rapports annuels volumineux. Elle souligne l’importance de combiner une réglementation efficace avec une autogestion solide au niveau de l’entreprise. « Cela permet à l’Europe de conserver son poids économique et de protéger ses valeurs, ce qui est positif à la fois pour l’entreprise et pour les actionnaires », ajoute-t-elle.

« 2025 a été une année charnière à cet égard. Nous craignions qu’une réglementation plus stricte n’incite les entreprises à accorder moins d’attention à la bonne gouvernance, mais ce n’était pas vraiment le cas de nos membres », poursuit-elle. En 2026, le cycle de réglementation plus stricte devrait prendre fin, ce qui renforcera à nouveau l’attention portée à la bonne gouvernance. Et c’est immédiatement le défi que la nouvelle année apporte à la Guberna. « Nous voulons évaluer en 2026 si la gouvernance doit être redécouverte ou si nous devons simplement ajuster les lignes directrices. Nous vivons une époque volatile. À mesure que la volatilité s’accroît et que les attentes des parties prenantes augmentent, la gouvernance est confrontée à de nouvelles opportunités. Les conseils fantômes, les conseils consultatifs et les mécanismes de consultation des parties prenantes peuvent donner un nouveau souffle à la prise de décision, en tant que contrepoids dynamique à l’image traditionnelle de la gouvernance

L’impact de l’IA

Selon Gobert, la technologie, et l’intelligence artificielle (IA) en particulier, jouera un rôle crucial dans la gouvernance. « L’intégration d’outils technologiques relève du devoir de diligence du conseil d’administration lorsqu’ils augmentent l’efficacité, améliorent la documentation ou inspirent de nouvelles options stratégiques », note-t-elle. « Les conseils expérimentent les outils d’IA pour soutenir la documentation et l’analyse des tendances, même si la prudence reste de mise en ce qui concerne la fiabilité et la protection des données. Les administrateurs doivent s’assurer que ces outils sont utilisés de manière réfléchie. Il est important de noter que l’innovation ne se manifeste pas de la même manière dans toutes les organisations. Tout comme les cadres de gouvernance varient, il n’existe pas de solution universelle. »

Suivez également Business AM sur Google Actualités

Si vous souhaitez accéder à tous les articles, abonnez-vous ici!

Plus