Principaux renseignements
- Kirill Dmitriev, diplômé de Harvard et directeur du fonds souverain russe, est une figure clé de l’approche russe de la guerre en Ukraine.
- Il a noué des relations avec des investisseurs mondiaux et des personnalités influentes telles que Steve Witkoff, envoyé spécial de Donald Trump, par l’intermédiaire du Fonds russe d’investissement direct (RDIF).
- Malgré la controverse entourant ses rapprochements avec des groupes d’extrême droite et ses relations tendues avec les diplomates traditionnels, Dmitriev reste dans les bonnes grâces de Poutine en raison de son efficacité présumée.
Kirill Dmitriev, directeur du fonds d’investissement souverain russe et diplômé de Harvard, est devenu un acteur clé de la stratégie de Moscou dans le conflit ukrainien. Son ambition et son réseau lui ont permis de se faire connaître et de nouer des liens avec des personnalités influentes, dont Steve Witkoff, l’émissaire de Donald Trump. C’est ce que rapporte The Guardian.
Le cheminement de Dmitriev vers l’influence a commencé par sa fascination pour les États-Unis lorsqu’il était enfant. Né en Ukraine à l’époque soviétique, il rêvait dès son plus jeune âge de réussir aux États-Unis. Il a obtenu son diplôme à Stanford et Harvard et a affiné son sens des affaires chez McKinsey et Goldman Sachs avant de retourner à Kiev. Là, il a géré un fonds d’investissement privé d’un milliard de dollars pour l’oligarque ukrainien Victor Pinchuk, avant d’entrer en contact avec Vladimir Dmitriev (aucun lien de parenté) au sein de la société publique russe de développement VEB.
Construire des ponts grâce à l’investissement
Ensemble, ils ont convaincu le Kremlin de créer le Fonds russe d’investissement direct (RDIF), que Dmitriev a dirigé et utilisé comme plateforme pour nouer des relations avec des investisseurs mondiaux. Il est devenu un visage familier lors des sommets internationaux, promouvant les opportunités d’investissement en Russie tout en cultivant des liens étroits avec des personnalités clés telles que la fille de Poutine, Katerina Tikhonova.
Après l’annexion de la Crimée en 2014 et les sanctions qui ont suivi contre la Russie, Dmitriev a cherché de nouvelles voies d’influence. Reconnaissant le potentiel de Trump, il a rapidement aligné le RDIF sur le nouveau président. Il a renforcé ses liens avec le gouvernement de Trump grâce à un réseau construit aux Émirats arabes unis pendant son séjour au RDIF.
Influence grandissante
La quête incessante d’influence de Dmitriev l’a amené à cultiver une relation avec Steve Witkoff, un proche collaborateur de Trump qui partageait l’enthousiasme de Dmitriev pour la conclusion d’accords. Leur collaboration a abouti à la libération de l’enseignant américain Marc Fogel dans le cadre d’un échange de prisonniers, présenté comme une étape vers le dégel des relations entre Washington et Moscou.
Dmitriev s’est également tourné vers l’aile extrême droite du Parti républicain. Il a renforcé leur rhétorique sur les réseaux sociaux et publié des messages sur l’immigration, le mondialisme et les prétendus « programmes pro-trans » dans les écoles. Ce faisant, il s’est publiquement rapproché des éléments les plus radicaux de la base électorale de Trump.
Conflits avec la tradition
Malgré ses origines ukrainiennes, Dmitriev est devenu un fervent défenseur du régime de Poutine, s’attirant les critiques d’anciens amis et collègues qui considèrent que ses actions trahissent sa patrie. Son ascension fulgurante a également fait des vagues au sein de l’appareil de politique étrangère de la Russie. Il aurait rejeté les offres d’assistance d’initiés du Kremlin spécialisés dans les relations internationales, choisissant de naviguer seul dans le paysage géopolitique complexe.
Les relations tendues entre Dmitriev et le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov sont un secret de polichinelle à Moscou. Leur affrontement lors des pourparlers de paix à Riyad l’année dernière met en évidence la tension entre l’approche peu orthodoxe de Dmitriev et les canaux diplomatiques traditionnels. Bien qu’il se soit fait des ennemis en Russie, Dmitriev jouit des faveurs de Poutine en raison de l’efficacité dont il fait preuve dans la réalisation des objectifs du Kremlin. (fc)
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