Principaux renseignements
- Les sommets de la COP, malgré certains progrès dans l’atténuation du réchauffement climatique, sont de plus en plus critiqués pour leur manque d’action concrète et d’efficacité.
- Les pays du Sud expriment leur frustration face à la baisse de l’enthousiasme et des contributions financières des pays riches en faveur des transitions climatiques.
- Le processus de la COP est confronté à une désillusion croissante alors que les émissions de méthane augmentent et que les experts s’interrogent sur sa capacité à apporter des changements significatifs dans un paysage géopolitique en mutation.
L’ouverture de la COP30 à Belém, au Brésil, coïncide avec une baisse de la confiance mondiale dans la diplomatie climatique. Après trente ans de conférences, la plupart des indicateurs climatiques se sont détériorés, ce qui soulève de sérieux doutes quant à l’efficacité de cette approche.
Espoirs mitigés et désillusions
L’ironie n’échappe pas aux critiques qui soulignent que les quelque 40 000 délégués qui se rendront en Amazonie pour le sommet de cette année contribueront inévitablement de manière significative aux émissions de gaz à effet de serre, sapant ainsi le message même qu’ils cherchent à faire passer. Ce retour au Brésil, site du Sommet de la Terre de Rio en 1992 qui promettait un avenir plus vert, souligne à quel point l’optimisme s’est évanoui.
L’Union européenne insiste sur l’urgence d’agir et s’efforce de combler le fossé entre des objectifs ambitieux et leur mise en œuvre. Cependant, seul un tiers des pays a présenté de nouveaux engagements de réduction des émissions pour 2035, ce qui représente la moitié des émissions mondiales. Cette trajectoire place toujours la planète sur la voie d’un dangereux réchauffement de 2,8 °C, rapporte Euractiv. Même au sein de l’Europe, des divisions apparaissent. Les États du Nord plaident pour des mesures plus strictes, tandis que les autres craignent les répercussions économiques et les troubles intérieurs. Les diplomates admettent en privé que la crédibilité de l’UE s’effrite ; sa rhétorique de leader se heurte à sa lutte pour conserver le soutien de l’opinion publique à l’intérieur de ses propres frontières.
Frustration des pays du Sud
Les États-Unis se sont largement retirés de la participation active, n’ayant pas d’envoyé dédié au climat. Le Brésil, qui accueille la COP30, donne la priorité à la « mise en œuvre » – remplir les engagements existants plutôt que d’en fixer de nouveaux – et souligne l’importance des mesures d’adaptation. Cette position trouve un écho particulier dans les pays du Sud, où la patience s’épuise face à l’enthousiasme décroissant des pays riches.
Le président brésilien de la COP30 fait l’éloge de la Chine pour son rôle dans la réduction des coûts de l’énergie solaire et l’expansion des sources d’énergie renouvelables, déclarant que « la Chine propose des solutions qui conviennent à tout le monde ». Toutefois, à Bruxelles, la Chine est considérée comme un géant sans ambition qui se cache derrière son statut de « pays en développement » tout en résistant aux pressions exercées pour qu’elle contribue financièrement à la transition climatique des pays les plus pauvres.
Désillusion croissante
Pendant ce temps, l’un des rares engagements concrets pris au niveau mondial – l’engagement mondial sur le méthane de la COP26 – est déjà en train de vaciller. Les données satellitaires révèlent que les émissions de méthane des principaux signataires, dont les États-Unis et l’Australie, ont bondi de 8,5 pour cent depuis 2020. Bien qu’il soit 80 fois plus puissant que le CO₂, il n’existe toujours pas d’accord international contraignant pour réduire les émissions de méthane.
Les critiques à l’égard du processus de la COP lui-même se sont multipliées. Des personnalités comme l’ancien chef des Nations unies Ban Ki-moon et de nombreux experts du climat affirment que ces sommets ne sont plus adaptés à leur objectif, qu’ils sont détournés par les intérêts des combustibles fossiles et qu’ils s’enlisent dans des promesses creuses. Les scientifiques demandent instamment que l’on passe des « belles déclarations » à des mécanismes de responsabilisation. Certains expriment même des remords pour avoir participé au « mythe » selon lequel la COP peut sauver le monde, reconnaissant l’importante empreinte carbone associée à ces conférences à grande échelle.
Des réalisations limitées dans un monde en évolution
Les défenseurs du processus de la COP mettent en avant ses réalisations : avant l’accord de Paris en 2015, le monde se dirigeait vers un réchauffement catastrophique de 4 °C ; aujourd’hui, il est plus proche de 2,8 °C. La croissance des sources d’énergie renouvelables, la diminution des émissions par unité de PIB et le léger ralentissement de la déforestation sont cités comme des succès. Toutefois, ces progrès semblent insuffisants, car les catastrophes climatiques sont de plus en plus fréquentes et leur coût est estimé à 1 000 milliards de livres sterling (1.138,6 milliards d’euros) à l’échelle mondiale en 2024.
Trente ans après Rio, le paysage mondial reste similaire, mais la planète est nettement plus chaude. Le processus de la COP, né pendant une période de coopération post-guerre froide, est aujourd’hui confronté à la fragmentation géopolitique et à la lassitude de l’opinion publique. Même ceux qui font partie du système s’interrogent sur sa viabilité.
Pour l’heure, 40 000 personnes se réuniront à nouveau pour discuter de la sauvegarde de la planète, tout en parcourant des milliers de kilomètres pour y parvenir. Que la COP30 marque un renouveau ou la lente disparition de la diplomatie multilatérale en matière de climat dépend d’un élément crucial que le processus n’a pas encore apporté : une action concrète.
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