Depuis des années, les déchets électroniques constituent un problème majeur dans l’Union européenne. Et pas seulement en Europe, puisqu’à l’échelle mondiale, nous avons produit pas moins de 62 millions de tonnes de déchets électroniques en 2022. De quoi remplir 1,55 million de camions de 40 tonnes. Le recyclage est une solution, mais seulement s’il n’y a pas d’autre moyen. La remise à neuf est la véritable clé de la réduction des déchets électroniques et de la réutilisation des matériaux précieux.
En cette Journée internationale des déchets électroniques, le problème des déchets électroniques est plus clair que jamais. L’Europe s’est engagée dans la voie du développement durable et a donc déjà pris des mesures pour réduire les déchets électroniques. Par exemple, la législation exige qu’au moins 65 pour cent des déchets électroniques de l’UE soient collectés pour être recyclés. Cependant, les derniers chiffres montrent que plus de 14 millions de tonnes d’équipements électriques et électroniques sont mis sur le marché chaque année en Europe, alors que seulement 5 millions de tonnes de déchets électroniques sont collectés.
Avec un taux de collecte de 40 pour cent, l’UE est donc loin d’atteindre ses propres objectifs. La Belgique fait un peu mieux en moyenne. En fait, nous sommes l’un des pays à dépasser la barre des 45 pour cent de déchets électroniques collectés. Mais il reste encore beaucoup à faire si nous voulons atteindre rapidement l’objectif européen. Et l’on peut se demander si cet objectif est réalisable. Si nous continuons à nous concentrer uniquement sur le recyclage, nous sommes presque au maximum de nos possibilités.
Sans un accent fort sur la remise à neuf, nous n’y parviendrons pas
Outre un recyclage encore meilleur, nous devons également prolonger la durée de vie des appareils. C’est pourquoi la remise à neuf est un élément essentiel de toute stratégie visant à réduire la production de déchets électroniques. Cela signifie que nous n’avons pas besoin d’extraire de nouvelles matières premières pour construire de nouveaux équipements, car nous prolongeons l’usage des matériaux des appareils existants. De cette manière, nous protégeons non seulement nos ressources, mais aussi notre planète.
La remise à neuf consiste à vérifier et à moderniser les appareils électroniques, tels que les smartphones, afin qu’ils puissent rester en circulation plus longtemps. Il ne s’agit donc pas d’une solution de niche, mais bien de notre principale stratégie. Grâce à la remise à neuf, nous pouvons continuer à utiliser des millions de tonnes de matériaux, tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre, en évitant de nouvelles extractions et en réduisant la pression sur la chaîne d’approvisionnement en minerais importants.
Une consommation d’énergie inférieure à celle d’un nouveau smartphone
Bien sûr, le recyclage reste également important, mais il s’agit d’un dernier recours plutôt que d’une première solution. En prolongeant la durée de vie d’un appareil, la remise à neuf offre plus d’avantages environnementaux et économiques que la réutilisation ou le recyclage seuls. La remise à neuf préserve les matières premières déjà présentes dans l’appareil et offre aux clients des alternatives abordables et de haute qualité aux nouveaux achats. Contrairement à la réutilisation, la remise à neuf garantit le bon fonctionnement et la fiabilité de l’appareil. Et contrairement au recyclage, elle évite de gaspiller des matériaux et de consommer de l’énergie pour démonter les appareils.
Lorsqu’on examine notre smartphone, on constate qu’il contient de nombreuses pièces difficiles à remplacer. De la batterie aux matériaux rares comme le cobalt et le lithium. De plus, un téléphone reconditionné consomme moins d’énergie qu’un appareil neuf. La production d’un smartphone neuf représente plus de 80 pour cent de l’empreinte carbone de l’appareil. Il est donc logique qu’un appareil reconditionné ait un impact beaucoup plus faible sur l’environnement.
La législation devrait stimuler la remise à neuf
Tout cela semble prometteur, mais la croissance du secteur de la remise à neuf n’est pas assez rapide. Nous devons donc espérer que la nouvelle directive sur l’économie circulaire, qui sera lancée par la Commission européenne à la fin de l’année 2026, apportera des changements. Par exemple, il est important d’inclure des objectifs ambitieux de réutilisation et de remise à neuf dans la législation sur les déchets. Pour ce faire, il convient non seulement de fixer des objectifs basés sur le poids pour le recyclage, mais aussi d’inclure des chiffres concernant le nombre d’appareils remis à neuf.
En outre, une définition claire est nécessaire pour faire la distinction entre la remise à neuf, la réutilisation et le recyclage. Ce n’est qu’à cette condition que l’Europe pourra encourager la remise à neuf. La politique et le financement devraient alors soutenir la réparabilité et la remise à neuf, ce qui rendrait plus attrayante l’utilisation prolongée des appareils par les consommateurs et réduirait la demande d’appareils neufs. Enfin, il est essentiel que les consommateurs prennent conscience que les technologies remises à neuf respectent des normes de qualité très élevées, qu’il s’agisse de la durée de vie des batteries ou de l’authenticité de tous les composants. Et bien sûr, ils doivent pouvoir retourner facilement leur ancien appareil.
En renforçant notre engagement en faveur de la remise à neuf, nous sommes assurés de voir la montagne de déchets électroniques se réduire. Bientôt, la Journée internationale des déchets électroniques ne servira plus à sensibiliser les gens, mais à célébrer le fait que nous sommes tous sur la bonne voie.
Claire Darmon, politique et affaires gouvernementales, Europe chez Swappie
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