C’est ce mardi (19h, heure belge) que débutent officiellement les débats du procès en destitution de Donald Trump. Un procès historique puisque seuls deux autres présidents ont subi le même sort: Bill Clinton (1998) et Andrew Johnson (1868). Un procès dont on connait la probable issue mais qui n’est pas pour autant sans enjeux.
- De quoi est accusé Donald Trump ?
Le président des États-Unis fait face à deux chefs d’accusation. Il sera d’abord jugé sur ce qu’on appelle l’affaire ukrainienne. En cause, un coup de téléphone entre Donald Trump et son homologue ukrainien Volodymyr Zelenskiy. Appel à l’origine d’un deal: une enquête sur son plus grand rival démocrate, Joe Bidden, contre une aide militaire précieuse.
En outre, le président des États-Unis est aussi accusé d’avoir entravé le travail du Congrès dans ce dossier, bloquant la transmission de documents et témoignages lors de l’enquête de la Chambre des représentants
Dans un dossier de 111 pages, la Chambre des représentants (à majorité démocrate) demande au Sénat (à majorité républicaine) de se prononcer et le cas échéant de destituer le 45e président des États-Unis.
2. Quels sont les étapes du procès ?
Les 100 sénateurs sont les jurés de ce procès hors norme présidé par le chef de la Cour suprême: John Roberts. 7 personnes sont désignées procureurs. Le plus connu d’entre eux est aussi la bête noire de Donald Trump: le démocrate Adam Schiff.
La première étape a lieu ce mardi. Il s’agit de fixer les règles. Les sénateurs vont devoir préciser le temps alloué à l’accusation et à la défense, déterminer la durée des questions, et surtout, citer ou non des témoins à comparaître. Les démocrates veulent interroger des proches conseillers de Donald Trump, ce qui leur a été refusé lors de la procédure devant la Chambre des représentants.
Si pas de témoin, on se dirige vers un procès très court, pas plus de deux semaines. Dans le cas contraire, la procédure pourrait durer un mois. Bill Clinton en avait eu pour 5 semaines à titre d’exemple. On sait que Donald Trump doit prononcer son discours sur l’Etat de l’Union (sorte de rentrée des classes) le 4 février. Un procès court lui permettrait d’en tirer avantage.
3. Que risque vraiment Donald Trump ?
Cela a déjà été maintes fois précisé. Le rapport de force au Sénat est à l’avantage des républicains. Or une majorité des deux tiers (67 sénateurs) est indispensable pour destituer le président. Les démocrates sont 47. Il y a donc 20 sénateurs républicains à aller chercher: improbable.
4. Quelles conséquences politiques ?
Si le président risque une destitution, et même une procédure d’emprisonnement, dans les faits, ce procès est avant tout politique. Les sénateurs n’agiront pas en juge mais en hommes et femmes politiques.
Face à l’issue quasi certaine, le but des démocrates et de leur cheffe Nancy Pelosi est tout simplement de pourrir la vie à Donald Trump. De lui mettre la pression le plus longtemps possible. Mieux: que sa campagne pour l’élection de 2020 soit perturbée. Tout dépendra des témoins. Les témoignages passent généralement à la télévision devant des millions de téléspectateurs. Il ne faudrait pas que les détails enfoncent encore un peu plus le président.
A contrario, Donald Trump pourrait rebondir sur l’issue favorable du procès. Et jouer son rôle favori: celui de Calimero. Victime des médias et de ses opposants politiques. Le véritable verdict du procès sera en fait les élections du 3 novembre prochain. Les sondages divisent toujours les États-Unis en deux camps avec 15% d’indécis. Ce sont eux qui détiendront la clé de la réélection ou non de Donald Trump.