La société de conseil McKinsey met en garde les investisseurs du monde entier: le réchauffement climatique fait peser sur leurs actifs une pression dont ils n’ont pas suffisamment conscience et qui risque de devenir très vite ingérable, selon un rapport dévoilé ce jeudi.
Si ce n’est pas encore fait, les investisseurs publics et privés ont tout intérêt à se considérer en état d’urgence climatique, prévient McKinsey, dans un rapport dévoilé ce jeudi et dont le site Les Echos a pu prendre connaissance. Ses experts appellent les décideurs à se préparer sans attendre, car le réchauffement climatique menace directement la croissance économique de la plupart des pays du monde.
‘Sur les 105 pays que nous avons analysés, pratiquement tous sont concernés par une de nos six dimensions de l’impact climatique’, indique Clarisse Magnin, directrice senior de McKinsey, au journal français.
Trop chaud pour travailler
Sur base du pire scénario formulé par les scientifiques du GIEC (entre +2,5 et +2,7 degrés), le rapport de McKinsey estime par exemple que d’ici 2050, 160 à 200 millions d’Indiens vivront dans des régions exposées à des canicules potentiellement mortelles. La hausse des températures fera également augmenter le nombre de jours chômés, au point de menacer la croissance économique de l’Inde. ‘Entre 2,5 et 4,5% de son PIB pourrait être affecté par ce risque’, affirme le rapport.
La productivité d’autres régions, comme l’Amérique latine, l’Afrique subsaharienne, l’Asie du sud-est ou encore l’Australie pâtiront également de ces pics de chaleur extrême.
Par ailleurs, l’Europe du sud, l’ouest des États-Unis et d’autres régions touristiques peuvent s’attendre à perdre plusieurs points de PIB à cause des baisses de fréquentation dues à des températures trop élevées.
Sécurité alimentaire en péril
Un autre volet du rapport s’attarde sur les risques qui pèsent sur les infrastructures. Ainsi, une crue centennale pourrait coûter à la ville d’Ho Chi Minh un milliard de dollars en 2050, le double d’aujourd’hui. En Floride, l’immobilier pourrait perdre entre 30 et 80 milliards de dollars en valeur des biens si une submersion devait survenir en 2050.
Enfin, la sécurité alimentaire sera également très menacée au cours des 30 prochaines années. Le rapport pointe que l’essentiel de la production des quatre céréales les plus consommées dans le monde (riz, blé, maïs, soja) provient actuellement de quatre ‘greniers’ principaux. McKinsey suggère donc une ‘diversification des lieux de production’ afin de diminuer les risques.